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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé12 janvier 2007

Somalie - Asha-Rose Migiro - Chine/Afrique

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Soldats éthiopiens à Mogadisio
Soldats éthiopiens à MogadisioImage : AP

Cette semaine, c’est encore la Somalie qui domine l’actualité africaine… Et notamment l’extrême insécurité qui règne dans le pays depuis le renversement des Tribunaux islamiques… la Tageszeitung revient sur les manifestations anti-éthiopiennes de samedi dernier. Un peu partout, explique le journal, les Somaliens ont protesté contre l’ingérence d’Addis Abeba. Malgré les promesses du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, personne ne croit véritablement à un retrait prochain de ses troupes. L’hebdomadaire Der Spiegel s’interroge donc sur les intentions de l’Ethiopie. Ne trouve-t-elle pas finalement son intérêt dans l’affaiblissement de son voisin, étant donné qu’un Etat somalien faible, aux mains de bandes criminelles, ne présenterait aucun danger pour l’Ethiopie ? Ceci laisserait supposer que les islamistes ont été chassés parce qu’ils avaient rétabli l’ordre dans le pays et commençaient à lorgner sur l’Ogaden, cette région riche en gaz du sud-est de l’Ethiopie principalement peuplée de Somalis… Une théorie renforcée, toujours selon le Spiegel, par la rapidité avec laquelle les chefs de guerre, appuyés par l’armée éthiopienne, ont repris leurs marques en Somalie et recommencent à semer la terreur. Depuis le renversement des islamistes, écrit de son côté Die Welt, on voit de nouveau des hommes armés jusqu’aux dents dans les rues de Mogadiscio. Le climat de peur, si familier aux habitants, est de nouveau omniprésent dans la capitale. Ces quinze dernières années, rappelle le journal, la ville a été le théâtre de la chute d’un dictateur, d’une guerre civile, de la marche triomphale des chefs de guerre et de leur renversement par les Tribunaux islamiques. Aujourd’hui, la situation s’est encore renversée. Et les Somaliens, prisonniers des fluctuations politiques, sont une fois encore contraints de se réadapter à une situation nouvelle. Quoi de plus normal que leur quotidien soit davantage marqué par le pragmatisme que par la loyauté politique ?

Toujours à propos de la Somalie, les journaux se sont intéressés à l’entrée dans la course des Etats-Unis. Les Américains, écrit la Süddeutsche Zeitung, ont saisi la perche tendue par al-Qaïda, qui a fait savoir que la Somalie était son « nouveau champ de bataille ». Washington reprochait depuis longtemps aux Tribunaux islamiques d’accorder refuge à des combattants du réseau d’Oussama Ben Laden. Le président somalien Abdullahi Yusuf estime lui aussi qu’il y a des terroristes au sein des Tribunaux islamiques. C’est donc avec sa bénédiction que l’armée américaine a pu intervenir. Selon le ministère des Affaires étrangères américain, c’est la traque de trois responsables présumés des attentats de 1998 sur les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya qui ont motivé les frappes aériennes de cette semaine. Néanmoins, la Frankfurter Allgemeine Zeitung estime que le positionnement du porte-avion Eisenhower au large des côtes d’Afrique australe est un signe que Washington envisage un engagement de longue haleine dans la Corne de l’Afrique. Le gouvernement américain, mais également la nation américaine, écrit encore la Süddeutsche Zeitung, cherche à assouvir sa soif de vengeance pour les attentats de 98 qui avaient causé la mort de plus de 250 Africains et Américains. Pour George Bush, il ne s’agit pas de mener une opération secrète pour mettre la main sur les trois terroristes et les remettre à la justice, mais bien de les exécuter, et ce malgré les inévitables « dommages collatéraux ». Le journal rappelle également que la population somalienne hait les Etats-Unis comme aucun autre pays.

Les journaux se sont également arrêté sur la nomination de la Tanzanienne Asha-Rose Migiro au poste de vice-secrétaire générale des Nations Unies… « Une rose pour le secrétaire général », titre la Tageszeitung. Comme il l’avait promis, le nouveau bras droit de Ban Ki-moon est une femme, et qui plus est, issue d’un pays en développement. Africains, féministes et spécialistes du développement ont toutes les raisons d’être satisfaits. D’aucuns verront sans doute la nomination de l’ancienne ministre tanzanienne comme une récompense de Ban Ki-moon au soutien des pays africains à sa propre candidature. Néanmoins, objecte la Neues Deutschland, Asha-Rose Migiro apporte un savoir et une expérience de première main qui lui sera bien utile pour accomplir toutes les taches qui lui sont imparties. En plus du combat contre la pauvreté, la faim et les guerres, la Tanzanienne va devoir réorganiser une partie de la nébuleuse administrative de l’Onu. Une mission qui va comme un gant à cette « personnalité dirigeante », selon la Süddeutsche Zeitung qui cite un diplomate tanzanien : avec ses réformes et ses objectifs, elle avait créé de l’inquiétude chez ses collaborateurs du ministère des Affaires étrangères. Mais également prouvé son efficacité.

Enfin, l’intérêt croissant de la Chine pour l’Afrique suscite à nouveau quelques commentaires de la presse allemande… Aucune nation industrielle, écrit le General-Anzeiger de Bonn, n’a en l’espace d’un an, envoyé son chef d’Etat, son Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères parcourir la moitié du continent africain, ni organisé une conférence sur place avec la totalité ou presque des chefs de gouvernements, dans le but de renforcer les relations économiques. Aucune, sauf la Chine. C’est une véritable offensive que mène Pékin en Afrique et sa stratégie vise à assurer d’une part un accès aux matières premières du continent et de l’autre, à créer un climat propice à la consommation sur un marché potentiel de 800 millions de consommateurs. Avec une aide à hauteur de 1,2 milliards de dollars au continent africain, poursuit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Chine se place même devant l’Allemagne en matière d’aide bilatérale. Contrairement à Berlin qui développe des projets de micro-crédit ou de panneaux solaires, les autorités pékinoises misent sur une infrastructure solide en construisant routes, voies ferrées, ports ou centrales électriques. Le tout, sans avoir de scrupule à collaborer avec des gouvernements aux pratiques parfois discutables. Contrairement aux pays donateurs de l’OCDE, la Chine ne fait pas dépendre son aide de critères tels que la lutte contre la corruption ou le souci de bien-être de la population. Il est temps, conclut le journal, que les pays occidentaux réagissent face à la déferlante chinoise en Afrique. Et que l’Allemagne suspende l’aide au développement qu’elle-même verse à la Chine…