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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron16 mars 2007

Zimbabwe – Darfour

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Morgan Tsvangirai à l'hôpital
Morgan Tsvangirai à l'hôpitalImage : AP

Sans surprise le Zimbabwe domine cette semaine l’actualité. La très brutale interpellation de Morgan Tsvangirai, le leader de l’opposition, et d’une quarantaine de ses partisans, suscite de nombreuses réactions dans les journaux.

Réaction virulente de Die Welt qui évoque sur la même page le film "Le dernier roi d’Ecosse" consacré à Idi Amin Dada et le Zimbabwe en qualifiant Robert Mugabe de "nouvel Idi Amin". L’Afrique n’a jamais manqué de dictateurs, écrit le journal. A l’heure actuelle Robert Gabriel Mugabe est sans doute l’autocrate le plus brutal du continent. Pour la Frankfurter Rundschau, ceux qui croient qu’en ces temps modernes un seul individu ne peut pas ruiner un pays n’ont qu’à tourner les yeux vers le Zimbabwe. Mais là aussi se pose la question de savoir dans quelle mesure des spectateurs silencieux ne se sont pas rendus coupables d’un crime. L’Afrique du sud, la grande puissance régionale, assiste depuis longtemps au déclin de son petit voisin sans rien dire ni rien faire. Les Zimbabwéens, souligne le journal, sont dans une telle détresse que l’ère Mugabe devrait de toute façon toucher à sa fin. L’Afrique du sud réduirait une partie de sa honte si elle accélérait son départ. La Süddeutsche Zeitung brosse un portrait de Morgan Tsvangirai en rappelant qu’il a déjà été maintes fois tabassé et que certains de ses collaborateurs les plus proches ont été assassinés. Rares sont les opposants en Afrique, note le journal, qui s’exposent pendant longtemps à de tels dangers et ne préfèrent pas l’exil. Mais si son courage est incontesté, sa politique en revanche ne fait pas l’unanimité. Tsvangirai est partisan d’un changement pacifique, ce qui lui attire le reproche d’être trop mou et de combattre trop timidement le despote. Cela pourrait changer, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En tout cas Tsvangirai ne serait pas un bon opposant s’il ne tentait de tirer profit de ses blessures. Sa chambre d’hôpital s’est transformée en salle de conférences de presse improvisées. Et une phrase lui a échappé note le journal: "Pas de liberté sans combat, pas de liberté sans sacrifice". Est-ce l’appel, soigneusement évité pendant longtemps et pourtant inévitable aux yeux de nombreux Zimbabwéens, à la résistance armée, s’interroge le journal.

L’autre grand sujet revient régulièrement dans la presse allemande: c’est le Darfour. Cette fois-ci c’est le rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui est au centre de l’intérêt. Un rapport qui selon la Tageszeitung fustige avec un franc parler inhabituel les crimes du gouvernement soudanais au Darfour. Mais souligne le journal, alors que la guerre fait rage depuis quatre ans au Darfour, il semble toujours difficile en Allemagne de transformer en protestation active l’indignation suscitée par des crimes contre l’humanité. Cela est encore plus vrai lorsque ces crimes sont commis en Afrique, aux yeux de certains elle ne semble toujours pas faire partie de ce monde. Le journal espère donc que la semaine d’action pour le Darfour, organisée actuellement à Berlin par le musée juif et Human Rights Watch pourra entamer cette passivité. Il ne s’agit pas, souligne la TAZ, d’appeler à plus de militaires. Il s’agit de s’engager dans une région durement éprouvée et ce faisant de mettre aussi en jeu ses propres intérêts commerciaux. Assez de diagnostics pour le Darfour, titre de son côté la Süddeutsche Zeitung. Aucun conflit contemporain n’a été autant décrit et analysé que celui-ci. Le secrétaire général de l’ONU, le conseil de sécurité, la Cour pénale internationale et maintenant le Conseil des droits de l’homme – tous font le même constat: le gouvernement soudanais fait assassiner ses propres citoyens. Or le monde n’a rien d’autre à opposer à ces crimes que la production incessante de nouveaux états des lieux. En ce sens le rapport du Conseil des droits de l’homme n’apporte rien de nouveau, d’autant moins que ses enquêteurs n’ont pas été autorisés à entrer dans le pays. La communauté internationale, souligne le journal, ferait bien d’analyser plutôt son propre comportement car les intérêts des grandes puissances ont bloqué jusqu’à présent toute aide pour le Darfour

Un sourire pour terminer cette Afropresse: celui de la styliste malienne Mimi Konaté. La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un long article à cette créatrice de mode qui a choisi de conjuguer les étoffes traditionnelles avec une coupe moderne. 33 ans, célibataire sans enfant et femme d’affaires performante – Mimi Konaté, note le journal, est à la fois un exemple et une provocation au Mali.