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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron20 avril 2007

Darfour – Zimbabwe

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Femmes du Darfour réfugiées à Abou Souk
Femmes du Darfour réfugiées à Abou SoukImage : AP

La presse, cette semaine, s’intéresse de nouveau au Darfour. Le gouvernement soudanais a accepté le déploiement de

3 000 casques bleus de l’ONU en appui à la mission de l’Union africaine, et cet accord est perçu comme un premier pas.

Un "premier pas" c’est d‘ailleurs le titre commun aux éditoriaux des deux grands journaux de Francfort. Pour la Frankfurter Rundschau tout d’abord, il faudra plus que 3 000 soldats de l’ONU pour maîtriser les milices probablement soutenues par le gouvernement de Khartoum. Les casques bleus seront stationnés sur un territoire grand comme la France. De là l’urgence, souligne le journal, à déployer les 20 000 soldats prévus par le plan de paix. De là aussi la nécessité d’accroître la pression sur Khartoum. Mais note de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un renforcement à 20 000 hommes implique à nouveau des négociations politiques avec Khartoum. Combien de personnes faudra-t-il encore tuer ou pousser vers les camps de réfugiés? Le Darfour, n’a-t-on cessé de répéter, ne doit pas devenir un deuxième Rwanda. Il n’en est pourtant plus très loin, souligne le journal. Un peu d’espoir pour le Darfour, titre de son côté la Süddeutsche Zeitung. Mais les occidentaux ne doivent pas se laisser aveugler par ce succès. Il est illusoire de croire que des soldats de l’ONU puissent instaurer la paix au Darfour. Peut-être peuvent-ils empêcher les pires massacres. Mais la force militaire ne peut résoudre le conflit. L’important, poursuit le journal, est la reprise des discussions entre le régime de Khartoum et les groupes rebelles. A la lecture de la Tageszeitung l’on constate que les organisations humanitaires, elles, ne se laissent pas aveugler. Désiré Assogbavi, qui représente Oxfam auprès de l’Union africaine, reste sceptique. Il veut d’abord voir les soldats de l’ONU au Darfour avant d’y croire.

Le Zimbabwe revient lui aussi cette semaine dans la presse allemande. Le pays vient de célébrer le 27ème anniversaire de son indépendance mais continue de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la crise.

A en croire pourtant John Makumbe, interviewé par Die Welt, tout espoir n’est pas perdu. John Makumbe, un politologue zimbabwéen, est parmi les détracteurs les plus virulents de Robert Mugabe. Il explique tout d’abord à Die Welt à quel point la population est déçue par l’attitude timorée de la SADC qui n’a pas même appelé Mugabe à en finir avec la brutalisation de sa propre population.Selon lui un changement est néanmoins possible au sein-même de la ZANU-PF, le parti au pouvoir. Mais les adversaires de Mugabe doivent rester prudents et agir en secret. Faute de quoi ils seraient sévèrement punis. Je crois, souligne John Makumbe, que des efforts seront entrepris dans les mois à venir, soit pour éloigner Mugabe du pouvoir, soit pour l’empêcher d’être à nouveau candidat à la présidence. La ZANU-PF peut abolir le régime et démocratiser le Zimbabwe.

Enfin l’Afrique est cette semaine à la une d‘un grand hebdomadaire allemand. Et cela est suffisamment rare pour mériter d’être souligné.

Der Spiegel commence en effet une série sur l’Afrique. Le premier chapitre s’étale sur 14 pages, mais sa lecture en est plutôt déprimante. Le titre est déjà éloquent: la malédiction africaine. Le bilan d’un demi-siècle d’indépendance, écrit par exemple le Spiegel, ne peut être plus désastreux. L’Afrique est le seul continent où l’espérance de vie est en recul. Aucune autre région du monde pourtant n’a reçu autant d’aide au développement. Mais la majeure partie des milliards de dollars déversés sur l’Afrique ont été jetés par la fenêtre. Ce qui a provoqué un sentiment de lassitude chez les donateurs et un climat de dépendance chez les récipiendiaires. L’Afrique, note un peu plus loin le journal, aurait déjà fait un énorme progrès si elle atteignait le niveau du Ghana, la seule véritable lueur d’espoir aujourd’hui en Afrique subsaharienne.