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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron27 avril 2007

Nigéria – Corne de l‘Afrique

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Lagos - Près de la Commission électorale
Lagos - Près de la Commission électoraleImage : AP

Sans surprise les journaux se sont beaucoup intéressés, cette semaine, aux élections du 21 avril au Nigéria. Principalement

à l’élection présidentielle qui inspire à la plupart de nos confrères un seul et même mot pour en qualifier le déroulement: le chaos. La Frankfurter Rundschau évoque notamment les vols d’urnes électorales, les bureaux de vote restés fermés le jour du scrutin, les violences qui ont fait plus de 200 morts. Pas étonnant, estime le journal, que le principal groupe d’observateurs locaux, le Transition Monitoring Group et l’opposition réclament à l’unisson une répétition des élections. Le Nigéria dans le chaos, titre la Süddeutsche Zeitung. Il a gâché une chance immense. Pour la première fois dans l’histoire du pays un gouvernement civil devait passer le pouvoir à un autre gouvernement civil. Mais après une campagne électorale chaotique et des élections ratées, le pays est plongé dans une crise dont il ne sera pas facile de sortir. Cela devrait aussi inquiéter la communauté internationale, souligne le journal, car le Nigéria est le premier producteur de pétrole en Afrique. Plus nuancée, la Tageszeitung parle de démocratie dans le chaos. Il serait absurde, écrit ce quotidien, de mettre le Nigéria bouillonnant d’aujourd’hui sur le même plan que le Nigéria martyrisé par les dictateurs militaires. Si les élections de 2007 ont suscité des protestations aussi massives et des irrégularités aussi importantes, cela tient aussi au fait que les 140 millions de Nigérians ne se laissent plus intimider. Ils protestent haut et fort lorsqu’au niveau local on proclame de gigantesques victoires électorales d’hommes politiques impopulaires, alors qu’elles n’ont rien à voir avec la réalité. Les pires fraudes électorales ne peuvent effacer ce résultat de huit années de démocratie.

La presse allemande présente aussi à ses lecteurs le vainqueur de l’élection présidentielle, Umaru Yar’adua, le gouverneur de l’Etat de Katsina, dans le nord du pays.

Vainqueur contesté donc, et qui sans le président Obasanjo, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, n’aurait jamais été le candidat du parti au pouvoir. Lui-même affirme être plus qu’une marionnette, mais souligne le journal, il est difficile de dire ce qu’il faut attendre de lui. Son vice-président désigné, un chrétien du delta pétrolier, est censé garantir que le sud pèse dans la balance. Il ne faut pourtant pas attendre de fortes impulsions pour désamorcer la crise dans les régions pétrolifères où des rebelles menacent de paralyser la production. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si l’on veut comprendre pourquoi le président sortant a choisi précisément cet homme pratiquement inconnu en dehors de sa région natale, il faut jeter un coup d’oeil dans l’histoire du Nigéria. Umaru Yar‘adua avait un frère devenu une icône: Shehu Musua Yar‘adua, numéro deux de l’armée nigériane pendant la guerre du Biafra et compagnon de route parmi les plus proches d’Olusegun Obasanjo.

La Corne de l’Afrique se taille aussi une part importante cette semaine dans la presse allemande. Tout d’abord à cause des combats en Somalie. Et là c’est le mot "cauchemar" qui vient à l’esprit des commentateurs. Les centaines de milliers de personnes qui sont en fuite témoignent d’une nouvelle tragédie, écrit la Frankfurter Rundschau. Avoir voulu imposer de force, qui plus est avec l’aide de l’Ethiopie, un gouvernement de transition rejeté par le peuple se révèle maintenant une grave erreur. Les islamistes que l’on voulait chasser sont de retour comme combattants, de même que les chefs de guerre qui ont déjà plongé la Somalie dans le malheur. Or la communauté internationale, ajoute le journal, n’a rien d’autre à offrir à la population martyre que des appels et des déclarations. Et puis l’actualité dans la Corne de l’Afrique, c’est aussi l’attaque, en Ethiopie, plus précisément dans la province de l’Ogaden, d’un site de prospection pétroliére géré par les Chinois. Bilan: 74 morts, dont 65 Ethiopiens et 9 Chinois.Pour la Süddeutsche Zeitung, des insurgés veulent empêcher la recherche de pétrole dans l’Ogaden. Une région peuplée de Somalis qui se sentent opprimés par le régime éthiopien. Et poursuit le journal, si les rebelles du Front national de libération de l’Ogaden passent à l’offensive, c’est aussi en réaction à l’intervention des troupes éthiopiennes en Somalie. La Frankfurter Rundschau enfin relève qu’Addis Abeba refuse de voir dans cette attaque l’indice de réticences grandissantes à la présence croissante de la Chine en Ethiopie. Mais estime le journal, en étant représentée par plus de 800 firmes dans 49 pays d’Afrique, la Chine doit s’attendre à être de plus en plus impliquée dans les conflits africains.