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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron11 mai 2007

G8/Afrique – Allemagne/RDC

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Nous commençons par un thème qui va dominer pendant un certain temps l’actualité africaine vue depuis l’Allemagne: c’est le sommet du G8, début juin, à Heiligendamm.

Selon la volonté d’Angela Merkel, présidente en exercice du G8 et de l’Union européenne, ce sommet doit donner en effet la priorité à l’Afrique. La Frankfurter Rundschau consacre pratiquement une page entière au sujet. Tout d’abord avec un éditorial plutôt optimiste. Au sommet du G8, écrit le journal, la méfiance dans l’intégrité des acteurs africains trouve un emballage convenable dans deux concepts clés: "bonne gouvernance" et "climat des investissements". Certains pays comme le Zimbabwe continuent d’illustrer le mal-développement. Mais l’Afrique bouge. Pour la première fois depuis 20 ans par exemple, les revenus par habitant augmentent à nouveau en termes réels. L’endettement diminue, de même que le nombre de conflits armés et de régimes dictatoriaux. Jamais encore probablement, l’aide au développement de l’Afrique n’a été aussi bien investie qu’aujourd’hui. Il reste encore trois ans, conclut le journal, pour tenir les promesses faites en 2005 à Gleneagles en Ecosse par les chefs du G8. A côté de cet éditorial on peut lire que l'ONG Oxfam reproche précisément à ces chefs des pays riches de ne pas tenir leurs promesses. Ils avaient promis à Gleneagles d‘accroître de 50 milliards de dollars, d’ici à 2010, le montant annuel de l’aide au développement. On est encore loin du compte, estime Oxfam qui épingle tout particulièrement l’Allemagne, la France et l’Italie. Le rapport d’Oxfam, lit-on encore dans cet article, apporte pourtant la preuve qu’une bonne coopération au développement est payante. En Tanzanie par exemple le gouvernement a pu supprimer les frais de scolarité, ce qui a accru de 3 millions le nombre d’enfants qui vont à l’école. Dans l’aide à l’Afrique, estime de son côté la Tageszeitung, ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent, c‘est la volonté politique. L’Afrique a besoin de plus d’aide, mais surtout d’une aide différente. Or dans les pays riches cela n’est pas vu d’un bon oeil par les appareils de l’aide au développement. Il faudrait remettre en cause trop d’habitudes lucratives. Si la coopération au développement pouvait se libérer de la diplomatie et des prébendes versés aux experts, cela aiderait réellement les Africains. Mais aucun sommet de chefs d’Etat ne prendra une telle décision, souligne la Tageszeitung.

C’est aussi dans la perspective du sommet du G8 que l’hebdomadaire Der Spiegel poursuit sa série sur l’Afrique.

Un combat inégal – c’est le titre du quatrième chapitre de ce feuilleton sur les maux de l’Afrique. Combat inégal parce que les subventions versées par les pays riches à leurs agriculteurs ruinent l’existence des paysans africains. C’est absurde, souligne le Spiegel: les occidentaux paient pour les agricultures du tiers-monde, mais empêchent en même temps leur développement par l’exportation de leurs propres excédents. Les chiffres sont éloquents: ce que les pays de l’OCDE versent chaque année comme aide à l’agriculture africaine équivaut au montant des subventions perçues quotidiennement par les agriculteurs de ces mêmes pays de l’OCDE. Les inégalités du commerce mondial, souligne également le Spiegel, touchent précisément les pays pauvres qui se plient aux exigences de l’organisation mondiale du commerce, du Fonds monétaire international et d’une brigade mondiale d’experts favorables à l’industrie. Selon des chiffres de l’ONU, la pauvreté s’est accrue dans les pays qui ont ouvert le plus vite leurs marchés. Ceux qui s’en tirent le mieux sont ceux qui ont opté pour une ouverture prudente, alors que ceux qui se sont repliés sur eux-mêmes sont les plus mal lotis.

Deux grand quotidiens relatent également dans leurs colonnes la récente visite à Kinshasa de la ministre allemande de la Coopération.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et la Süddeutsche Zeitung ont accompagné Heidemarie Wieczorek-Zeul en République démocratique du Congo. Et les deux journaux mettent l’accent sur l’ampleur du travail de reconstruction à accomplir dans ce pays détruit par les guerres et les crises. La Frankfurter Allgemeine relève que la ministre de la coopération s’est faite l’avocate des micro-crédits alors que pour la Süddeutsche Zeitung sa visite à Kinshasa aura été en quelque sorte une visite d’inspection. Il faut dire, souligne le journal, que ces dernières années le Congo a reçu de l’Allemagne 20 millions d’euros par an. A cela s’ajoute une contribution allemande de 130 millions d’euros aux fonds de l’Union européenne, de la Banque mondiale et des Nations unies. Or jusqu’à présent le président Kabila n’a pas entrepris grand chose. D’un autre côté, demande le journal, par où commencer? Ce qui se passe au Congo n’est rien d’autre qu’une tentative visant à bouleverser les théories politiques. Habituellement c’est d’abord la richesse qui augmente, et qui engendre une couche moyenne revendiquant une participation démocratique à la politique. Au Congo c’est la démocratie qui, sans aucune base pratiquement, inaugure le processus de changement. La réussite de l’expérience dépendra surtout de la capacité du gouvernement à mettre les immenses richesses naturelles du pays au service, non seulement de quelques hommes d’affaires, mais aussi et surtout de l’Etat et de ses caisses vides, ajoute la Süddeutsche Zeitung.

Enfin la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie une longue interview avec le responsable des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Marie Guéhenno. Et il est beaucoup question de l’Afrique bien sûr. A propos du Darfour par exemple, Jean-Marie Guéhenno reconnait les limites de la future force hybride –ONU/UA – qui doit être déployée dans cette région du Soudan. Ce n’est pas avec 20 000 soldats, dit-il, que l’on peut protéger des milliers de villages lorsque les combats sont la règle et non l’exception. Le gouvernement et les rebelles doivent renégocier le partage du pouvoir et de la richesse. Jean-Marie Guéhenno critique par ailleurs l’abstinence des Européens. Hormis au Liban ils ne sont pratiquement pas représentés dans les missions de paix de l’ONU. Or souligne Mr. Guéhenno, l’Afrique est à côté de chez eux. Ne pas la négliger n’est pas seulement une obligation morale, mais relève de la logique stratégique.