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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron18 mai 2007

G8/Afrique – RDC

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Bono et Herbert Grönemeyer à Berlin
Bono et Herbert Grönemeyer à BerlinImage : AP

Nous poursuivons sur notre lancée de la semaine dernière, avec l’approche du sommet du G8 en Allemagne.

Bono, Bob Geldof et l’Allemand Herbert Grönemeyer – ces trois vedettes de la musique rock ont cette semaine l’honneur des journaux. Les trois stars, note la Süddeutsche Zeitung, attaquent Merkel et les partenaires du G8. Lors d’une conférence de presse qu’ils ont donnée ensemble à Berlin, les trois avocats de l’Afrique ont reproché au G8, chiffres à l’appui, de ne pas tenir ses promesses. Comme le précise le Tagesspiegel de Berlin, la principale promesse, faite en 2005 au sommet du G8 de Gleneagles, était de doubler, d’ici 2010, l’aide au développement à l’Afrique. Or le constat fait dans le rapport de 170 pages présenté par les trois artistes, est accablant: les pays du G8 n’ont accru leur aide au développement qu’à hauteur de la moitié des fonds promis. Seuls la Grande-Bretagne et le Japon ont augmenté leurs budgets dans des proportions substantielles. La France et l’Allemagne sont loin derrière. Et toujours dans le Tagesspiegel, Herbert Grönemeyer met en garde les pays du G8 contre une explosion de colère. Je n’appelle pas à la violence, souligne-t-il, mais un jour ou l’autre les gens en auront assez et je n’exclus pas alors que les manifestations deviennent violentes.

Toujours dans la perspective du G8 deux Africains s’expriment cette semaine dans la presse allemande.

Le même journal, le Tagespiegel donc, publie une interview avec John Githongo, l’ancien conseiller du président kényan pour la lutte contre la corruption. Il est maintenant réfugié à Londres après avoir mis au jour précisément un scandale de corruption. Ce dont l’Afrique a vraiment besoin, dit-il au Tagesspiegel, c’est d’une ouverture des marchés à nos produits dans les pays industriels. Cela aiderait les Africains à se prendre en charge. Mais, pour les crises graves, comme l’épidémie de sida, la lutte contre le paludisme et le paiement de forces de paix africaines, le continent a aussi besoin de plus d’argent. Car sans paix, il ne peut pas y avoir de progrès. Toujours sur le même sujet, une autre interview, mais cette fois-ci dans un autre journal, la Tageszeitung. C’est une interview avec Mme Ngozi Okonjo-Iweala, ex-ministre nigériane des finances et des affaires étrangères. Si le G8 ne tient pas ses promesses, dit-elle, il perdra toute crédibilité. Et il sera beaucoup plus difficile, pour les dirigeants africains réformateurs de faire des progrès. Ils ont dit à leurs peuples: si nous gouvernons mieux, si nous investissons nos propres ressources dans l’éducation et la santé, on nous viendra en aide. Ils auront l’air ridicule, si le G8 ne fait rien. Sur la même page Bob Geldof dit pour sa part qu’il fait confiance au réalisme des Allemands. Pour reconstruire une économie, souligne-t-il, on a besoin d’une population en bonne santé, éduquée et bien nourrie. Cela a fonctionné en Europe en 1946. A l’époque nous étions ruinés. Soixante ans plus tard l’Europe est le continent le plus riche dans l’histoire du monde. Cela fonctionne! martèle le chanteur irlandais.

Enfin l’hebdomadaire Der Spiegel publie cette semaine la dernière partie de sa série sur l’Afrique. Et cette fois-ci elle concerne un seul pays, immense il est vrai, puisqu’il s’agit de la République démocratique du Congo. L’article est signé Erich Follath. Il y a 30 ans, il travaillait au magazine Stern et, il y a 30 ans, il est déjà allé dans ce qui s’appelait à l’époque le Zaïre. Le souvenir qu’il garde de ce reportage, il le relate au début de son article dans le Spiegel: son arrestation à Lubumbashi en avril 1977, pendant la première guerre du Shaba. Son incarcération avec des Angolais conseillés par les services secrets de l’Allemagne de l’est. Les tortures, atroces, subies par ces Angolais. Erich Follath et d’autres journalistes occidentaux seront accusés à l’époque d’espionnage, puis grâciés par Mobutu et expulsés. Le reste de l’article retrace l’histoire du Congo, depuis la colonisation belge jusqu’aux récentes élections. Le Congo, peut-on lire notamment, est l’illustration de tout ce qui est allé, et va toujours de travers en Afrique: exemple de l’exploitation brutale, impitoyable, par les colonisateurs, de la cupidité des élites locales, de l’absence de scrupules d’hommes d’affaires nationaux et étrangers qui ont accepté, voire attisé des guerres sanglantes. Et malheureusement, exemple aussi de l’incompétence des dirigeants politiques de la génération actuelle. Une question taraude aussi Erich Follath lorsqu’il repense à ce qu’il a vécu il y a 30 ans à Lubumbashi: que sont devenus Joseph, le tortionnaire sadique, Mwenza, le fringant spécialiste des interrogatoires? Personne, dans les ambassades occidentales à Kinshasa ne sait quoi que ce soit. Les autorités congolaises refusent par principe de fournir des informations sur des personnes. Et ajoute notre confrère, le consul des Etats-Unis à Lubumbashi dit seulement que la prison pour les "politiques" a été rasée depuis longtemps, pour être reconstruite ailleurs avec une capacité d’accueil beaucoup plus grande. Les traces se perdent.