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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron6 juillet 2007

ODM – Ouganda – RDC

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La presse allemande de cette semaine, cela vaut la peine d’être remarqué, s’abstient de commentaires sur le sommet de l’Union africaine organisé à Accra. Elle propose

uniquement des articles qui relatent les affrontements entre partisans et adversaires d’un gouvernement continental africain, puisque c’était le thème majeur de ce sommet. La Tageszeitung titre sur les Etats désunis d’Afrique, des Etats qui ont rejeté le plaidoyer du Libyen Kadhafi pour la création prochaine des Etats Unis d’Afrique. On s’est contenté, note le journal, d’un compromis qui permet à tout le monde de sauver la face, à savoir la mise en place d’un groupe de travail inter-ministériel chargé de soumettre un rapport au prochain sommet de l’UA en janvier 2008. La presse allemande est un peu plus loquace sur le rapport publié par l’ONU à propos des objectifs de développement du millénaire, un rapport qui est sorti au moment où l’Union africaine était réunie à Accra. Les Nations unies sonnent l’alarme, écrit la Frankfurter Rundschau. Malgré des succès remarquables la communauté internationale risque de perdre son combat contre la pauvreté. L’ONU est encore très loin de l’objectif fixé en 2000, c’est-à-dire réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Cela est surtout vrai pour l’Afrique subsaharienne où les progrès sont beaucoup trop lents. Ce rapport d’étape, souligne le journal, dresse un bilan mitigé. C’est ainsi qu’en 1990, 1,5 milliard de personnes, soit 32% de la population mondiale, vivaient encore dans une pauvreté extrême, c’est-à-dire avec un dollar par jour. Elles n’étaient plus que 980 millions en 2004. Mais cela résulte principalement du boom économique en Chine et en Inde. En Afrique subsaharienne en revanche, le nombre de très pauvres n’a que faiblement diminué pendant la même période, à savoir de 47 à 41%. La mortalité infantile et maternelle y est toujours effroyablement élevée, lit-on dans la Frankfurter Rundschau.

Toujours au chapitre de la lutte contre la pauvreté, la presse allemande se penche aussi sur le manque d’énergie en Afrique. Comme l’écrit la Süddeutsche Zeitung, le manque d’électricité freine le développement du continent africain tout entier. Le journal prend l’exemple de l’Ouganda, où 5% seulement de la population sont raccordés au réseau. L’Afrique a pourtant suffisamment de sources d’énergie, note notre confrère. Principalement des fleuves, et l’énergie hydraulique est aussi la grande chance de l’Ouganda. Le pays est situé sur le cours supérieur du Nil Blanc. Deux vieilles centrales thermiques tournent encore à Jinja où un imposant barrage a été construit à quelques centaines de mètres de l’endroit où l’eau sort du lac Victoria. Mais le niveau du lac baisse depuis quelques années , ce qui est probablement imputable au changement climatique. Les deux centrales produisent donc moins de courant qu’autrefois et le pays a besoin d’un autre barrage. Ce barrage, précise le journal, sera construit à Bujagali, un peu en aval du Nil. Et selon Philippe Simonis, conseiller en énergie auprès de la GTZ, il s’agit là d’un bon projet, infiniment plus modeste que le barrage des Trois Gorges en Chine, et donc moins porteur d’incidences négatives. De fait, souligne la Süddeutsche Zeitung, si les protestations contre Bujagali restent limitées, c’est peut-être aussi parce que ce barrage est comme un nerf vital pour l’avenir de l’Ouganda et ses 30 millions d’habitants.

La République démocratique du Congo a célébré le 30 juin dernier le 47ème anniversaire de son indépendance. Et pour la presse allemande c’est l’occasion d’évoquer à nouveau les combats qui se poursuivent dans l’est du pays. Pour la Tageszeitung ces combats risquent même de s’intensifier. Car en RDC le début des vacances scolaires coïncide souvent avec un retour en force de la guerre. Explication: l’année scolaire s’achève le jour de la fête de l’indépendance et les soldats, qui la plupart du temps vivent avec leurs familles dans des camps improvisés, peuvent dès lors se déplacer sans laisser leurs enfants derrière eux. La province du Nord-Kivu, est particulièrement exposée, note le journal. Trois forces armées s’y font face: l’armée gouvernementale, la rébellion du général tutsi Laurent Nkunda et les milices hutues des Forces démocratiques de libération du Rwanda, qui terrorisent la population depuis le milieu des années 90. Dans le district de Rutshuru, précise le journal, plus de 130 000 personnes ont fui les combats ces derniers mois. En bon nombre d’endroits tous les villages ont été abandonnés et pillés.

Pour terminer nous restons dans la région des Grands Lacs puisque la presse allemande évoque aussi un autre anniversaire: ce sont les 25 ans du jumelage entre le Rwanda et la Rhénanie-Palatinat en Allemagne.

Un jumelage unique en Allemagne, peut-on lire dans la Süddeutsche Zeitung. La Rhénanie-Palatinat est le seul Etat régional à s’engager sous cette forme pour un pays tout entier. En 25 ans, 1 400 projets ont été menés sur le terrain. Toujours selon le principe du partenariat à la base, c’est-à-dire en dessous du niveau gouvernemental. Mais le génocide, souligne le journal, reste un point névralgique. Responsables politiques et bénévoles de Rhénanie-Palatinat éludent certaines questions embarrassantes. Par exemple: a-t-on ignoré, comme le reste de la communauté internationale, les indices annonciateurs de la catastrophe? Aurait-on pu sauver des vies humaines? Tout cela est à peine thématisé, note la Süddeutsche Zeitung. On préfère regarder devant soi.