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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron3 août 2007

Darfour – Côte d’Ivoire

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L'Union africaine au Darfour
L'Union africaine au DarfourImage : AP

Sans surprise l’adoption par le conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1769 sur le Darfour suscite cette semaine beaucoup de réactions. Aux termes de cette résolution l’ONU et l’Union africaine vont donc déployer conjointement 20 000 hommes dans la province soudanaise et pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président El Béchir aurait dû en fait démissionner au lendemain du vote de la résolution. Le chef de l’Etat soudanais, écrit le journal dans un éditorial de première page, a longtemps proclamé qu’aucune force de l’ONU ne foulerait le sol du Darfour tant qu’il serait au pouvoir. Or cette force sera déployée dans quelques mois. Un revers pour le régime de Khartoum, souligne la FAZ, même si le ministre des affaires étrangères jure maintenant être prêt à coopérer. Le même journal, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, relève en page 2 que l’Allemagne n’étendra pas son engagement au Darfour. Le gouvernement a fait savoir qu’on en resterait aux 200 soldats qui fournissent un appui logistique aux missions de l’Union africaine. Le quotidien Die Welt estime que Berlin a fait le bon choix. La composition de la force qui ira au Darfour devrait être avant tout une affaire arabo-africaine, ajoute Die Welt. Mais le journal pose malgré tout la question suivante: pourquoi un conflit qualifié par beaucoup de génocide ne suscite, ici en Allemagne, aucune attention, alors que le conflit du Proche-Orient, avec infiniment moins de victimes, passe pratiquement tous les jours à la télévision. La mission de l’ONU pourrait changer la donne, car souligne Die Welt il y aura alors des images là où nous n’entendons pour l’instant que des mises en garde. La Süddeutsche Zeitung s’empresse quant à elle de refroidir les débordements d’optimisme. Il serait illusoire de croire que tout ira bien lorsque les casques bleus arriveront au Darfour. La résolution de l’ONU est le fruit de laborieux compromis. La MINUAD, la force hybride donc, sera commandée conjointement par l’ONU et l’Union africaine, ce qui devrait provoquer des dissensions dès que les soldats de la paix devront faire face à l’armée soudanaise ou à ses complices. Mais sans ce compromis, ni le Soudan ni ses puissances protectrices n’auraient avalisé la résolution. Rolf Hofmeier, un expert allemand de l’Afrique, s’exprime dans les colonnes de la Frankfurter Rundschau. Et selon lui les difficultés de la MINUAD seront d’abord d’ordre financier. La mission, dit-il, coûtera en moyenne deux milliards de dollars par an, soit environ le double du coût de la mission de l’ONU au Congo. Pour la Tageszeitung enfin le problème majeur tient au comportement de Khartoum. Le Soudan, titre le journal, se moque de l’ONU. La résolution 1769 était à peine adoptée que des diplomates soudanais posaient des conditions: les forces de l’ONU au Darfour devront demander l’autorisation du gouvernement soudanais avant toute opération destinée à protéger des civils. Une illustration typique de l’indigence de la diplomatie onusienne, incapable d’exclure expréssement une telle interprétation, souligne le journal.

Journée historique pour la Côte d’Ivoire – la cérémonie de la flamme de la paix, organisée lundi dernier à Bouaké n’est aux yeux de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qu’un symbole, important certes, mais un symbole seulement. Pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre civile fin 2002, relate le journal, le président Laurent Gbagbo s’est rendu à Bouaké, deuxième ville du pays et quartier général, pendant des années, de la rébellion. Avec l’ex-chef rebelle et actuel premier ministre Guillaume Soro, Laurent Gbabgo a mis le feu à un container rempli de vieilles armes. Mais note plus loin le journal, la plupart des rebelles n’ont pas encore rendu leurs armes et en font toujours usage. La partition du pays était une affaire lucrative et beaucoup de rebelles étaient impliqués dans le trafic de cacao à destination du Burkina Faso, du Togo et du Ghana. Avec la paix, ce trafic appartient au passé. Le cacao est à nouveau exporté par le sud du pays, via les ports d’Abidjan et de San Pedro. La majorité des rebelles ont aujourd’hui pour perspective soit de redevenir chauffeurs de taxis à Korhogo, soit d’entrer dans l’armée régulíère, une armée tristement célèbre pour ses soldes et ses cantonnements misérables. Le journal ne manque pas de relever par ailleurs l’absence, à la cérémonie de Bouaké, de l’ancien président Henri Konan Bédié, et d’Alassane Ouattara. Comme quoi, ajoute la FAZ, l’opposition ivoirienne affiche une fois de plus son désintérêt pour des sujets qui remuent le peuple et prouve tout simplement son incapacité. C’est l’une des raisons pour lesquelles Laurent Gbagbo, dont on a si souvent prédit la fin, a toutes les chances de remporter les prochaines élections, estime le journal.

Les violences sexuelles contre les femmes dans l’est de la République démocratique du Congo ont déjà été maintes fois dénoncées. Cette semaine la Frankfurter Rundschau et la Tageszeitung se font l’écho du dernier rapport publié par les Nations unies sur les viols de femmes dans le Sud-Kivu. Selon l’auteur du rapport, la plupart de ces crimes sont imputables aux groupes rebelles. Et les atrocités dépassent de loin les viols. Certaines femmes ont été maintenues en esclavage pendant des mois et forcées de manger la chair ou les excréments de parents assassinés. Enfin le voyage que vient d’effectuer le ministre allemand des affaires étrangères au Nigéria et au Ghana est pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung un nouvel indice du regain d’intérêt de l’Allemagne pour l’Afrique. La concurrence relance les affaires, écrit le journal. Cela vaut aussi pour la politique africaine de l’Allemagne. Depuis que la Chine lorgne fortement vers le continent noir et ses trésors énergétiques l’Allemagne s’active. Le président Horst Köhler se rend tous les ans en Afrique. Il a déjà visité sept pays africains. La chancelière Angela Merkel a placé l’Afrique au centre de sa présidence du G8. Elle prévoit un voyage en Afrique pour l’automne prochain. Et une stratégie commune Union européenne-Afrique, préparée par l’Allemagne, sera présentée en décembre à Lisbonne, précise le journal.