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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 août 2007

Soudan – Ouganda/RDC

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Réfugiés dans le Nord-Darfour
Réfugiés dans le Nord-DarfourImage : AP

C’est à nouveau le Soudan qui cette semaine retient en priorité l’attention des journaux. Huit factions rebelles du Darfour se sont entendues lundi dernier à Arusha en Tanzanie sur une plateforme commune de revendications en vue de négociations de paix avec le gouvernement soudanais. Une nouvelle à première vue encourageante, écrit le Tagesspiegel de Berlin. Mais à y regarder de plus près, la prétendue percée se révèle extrêmement vague. Personne par exemple ne peut dire aujourd’hui avec certitude combien de groupes rebelles existent réellement au Darfour. Sans compter que l’une des deux grandes factions du Mouvement de libération du Soudan a boycotté la réunion d’Arusha. Le journal pourtant, ne perd pas espoir. Car souligne-t-il, toutes les parties en conflit semblent largement lasses de la guerre. Et l’une des raisons de la plus grande disposition de Khartoum à discuter avec la rébellion pourrait se situer dans l‘insistance avec laquelle son partenaire gouvernemental, le SPLM, demande à présent l’arrêt de la guerre au Darfour. Les ex-rebelles du SPLM, actifs autrefois dans le sud du pays sont associés au gouvernement de Khartoum depuis la signature en janvier 2005 d’un accord de paix avec le nord. Par crainte de mettre en péril l’application de cet accord le SPLM s’est longtemps abstenu de prendre une position concrète sur le conflit du Darfour. Un autre quotidien berlinois, la Berliner Zeitung, relève lui aussi que Khartoum se dit prêt à discuter avec la rébellion. Mais parallèlement il refuse de renégocier le contenu de l’accord de paix signé l’an dernier à Abuja. Or cela devrait être un préalable incontournable à de réels progrès. Il n’y aura de paix au Darfour, écrit de son côté la Tageszeitung, que le jour où le gouvernement soudanais accomplira un virage politique à 180 degrés. Or jusqu’à présent le régime de Khartoum a tout fait pour empêcher la paix. Le journal en veut notamment pour preuve l’interdiction de voyager imposée à l’un des principaux chefs rebelles, Souleiman Jamous, confiné dans un hôpital de l’ONU près du Darfour et de ce fait empêché de se rendre à Arusha. La pression de la communauté internationale, souligne la TAZ, est l’unique moyen de faire plier le régime. L’envoi de 26 000 casques bleus au Darfour, décidé par le conseil de sécurité de l’ONU, offre à cet égard une possibilité. A propos de la mise en place de cette force mixte, ONU-Union africaine, la Frankfurter Rundschau note justement que les choses commencent à bouger. Treize pays, dont huit en Afrique, se sont déjà déclarés prêts à envoyer des soldats. Cette force de 26 000 hommes, souligne le journal, sera la plus grande mission de paix de l’ONU de tous les temps. Et elle place ses planificateurs devant de gigantesques défis. C’est ainsi que le ravitaillement et l’approvisionnement en eau devront être assurés via la ville portuaire de Port-Soudan, distante de 2000 km du Darfour.

Nous restons au Soudan, mais cette fois-ci il n’est plus question du Darfour. Après des décennies de guerre, un accord de paix a été signé en janvier 2005 entre le nord et le sud du Soudan. Et sous le titre "Juba, le bidonville le plus cher du monde" le quotidien Neues Deutschland nous livre cette semaine un reportage sur la capitale du Sud-Soudan. C’est là que siège le gouvernement régional semi-autonome, mis en place après l’accord de paix. Samson Rissi, un jeune homme de 23 ans qui vend de la farine et du sucre au bord d’une rue, le trouve "formidable" ce gouvernement. Et cela bien que depuis le retrait de l’armée nordiste, il y a deux ans, les ordures ne sont plus ramassées. Ce commentaire du jeune vendeur, note le journal, est typique de Juba. Il est révélateur de l’immense capital de confiance dont bénéficie encore le gouvernement du Sud-Soudan deux ans et demi après son installation. Le bilan pourtant est extrêmement modeste. A l’évidence Khartoum a tout intérêt à faire la démonstration de l’incapacité du gouvernement régional. De fait les hôpitaux de Juba n’ont pas de médicaments et dans les ministères les budgets s’évaporent. Si les marchés regorgent de marchandises, tout est importé d’Ouganda, y compris les tomates et les oignons. Sans compter que la présence de nombreuses organisations humanitaires a fait grimper les prix. Une nuit sous une tente, ou dans un container, coûte bien souvent dans les 200 dollars, précise le journal.

Plus au sud, chez le voisin ougandais précisément, la perspective d’un boom pétrolier alimente l’instabilité régionale, peut-on lire dans la Tageszeitung. Le journal relate l’incident qui s’est produit récemment sur le Lac Albert, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. Un bateau de la compagnie pétrolière Heritage Oil a été pris pour cible par des hommes en armes. Il y a eu une dizaine de morts, dont un expatrié britannique. La RDC a reconnu entre-temps avoir tiré sur le bateau mais affirme qu’il se trouvait dans les eaux congolaises. L’objet du litige, précise le journal, est la petite île de Rukwanzi, partagée entre la RDC et l’Ouganda et utilisée par Heritage Oil pour ses prospections pétrolières sous le lac Albert. Le début de la production est prévu pour 2009. L’Ouganda exportera alors la plus grande partie de son pétrole vers le Kenya, par un oléoduc qui doit être construit par la Libye. Plus tard l’oléoduc sera prolongé dans l’autre direction, vers le Rwanda et la RDC. La perspective d’importantes recettes pétrolières, poursuit le journal, provoque aussi des tensions à l’intérieur même du pays. C’est ainsi que le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays depuis 1986, envisage malgré ses promesses antérieures de briguer un quatrième mandat à partir de 2011.

Enfin la presse allemande s’est également intéressée cette semaine aux élections générales en Sierra Leone. Comme l’écrit la Frankfurter Rundschau, ce ne sont pas les premières élections depuis la fin de la guerre civile, mais ce sont les premières depuis le retrait de la mission de paix de l’ONU il y a deux ans. La Sierra Leone doit apporter la preuve qu’elle est capable d’organiser seule ces élections. L’issue du scrutin sera décisive pour la stabilisation du pays.