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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron17 août 2007

Tchad – Darfour – Zimbabwe - RDC

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Le président tchadien Idriss Déby Itno
Le président tchadien Idriss Déby ItnoImage : AP Photo

La presse allemande s’intéresse cette semaine à des sujets très variés. Par exemple l’accord conclu entre le pouvoir et l’opposition au Tchad.

Comme le note la Tageszeitung, cet accord signé entre le président Déby et la principale coalition des partis de l’opposition, la CPDC, doit garantir la tenue d’élections libres et sincères en 2009. Soit un report de deux ans des élections législatives, qui normalement auraient dû avoir lieu cette année. La CPDC est contente, écrit le journal, elle n’a pour l’instant aucune chance de remporter des élections tant elle est morcelée. L’autre coalition de l’opposition, menée par Yorongar Ngarlegy, n’a pas signé l’accord car elle voulait aussi une solution pour la rébellion armée dans l’est du Tchad. Sur le papier, poursuit le journal, l’accord fait l’effet d’un immense progrès. Mais il est douteux que le président Déby le respecte. Depuis qu’il a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1990, il a utilisé tous les moyens pour se maintenir au pouvoir. Quant au règlement de la rébellion, note encore la TAZ, Idriss Déby a acheté, avec l’argent du pétrole, le principal groupe rebelle. Son leader, Mahamat Nour, est maintenant ministre de la défense. Ses combattants ont été plus ou moins intégrés dans l’armée. Mais il faudra plus d’argent pour que Mahamat Nour ne reprenne pas les armes.

De l’autre côté de la frontière orientale du Tchad, au Darfour, les populations attendent le déploiement des 26 000 casques bleus de la force de paix promise par l’ONU. Selon Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’Union africaine, cette force pourra n’être constituée que d’Africains, il ne sera pas nécessaire de faire appel à des troupes non-africaines. Or cela n’est pas du goût de la presse allemande. Pas du goût en tout cas de la Süddeutsche Zeitung qui écrit que le président soudanais pourrait bien tenter une fois de plus de se moquer de la communauté internationale. Car poursuit le journal, voilà qu’après une nouvelle rencontre avec Omar El Béchir, l’UA déclare subitement que la force de paix se composera uniquement de soldats africains. C’est une évolution inquiétante, souligne le journal, et un affront pour les Nations unies. Les membres occidentaux du conseil de sécurité voulaient précisément une participation non-africaine pour que le président El Béchir ne puisse pas manipuler si facilement la force de l’ONU. Il est de surcroît douteux que l’Union africaine ait les équipements techniques adéquats. Si les 7 000 soldats de l’UA déjà présents au Darfour n’ont pu empêcher la poursuite des tueries, cela tient aussi à la médiocrité de leur équipement, ajoute notre confrère qui estime que les occidentaux restent donc tributaires des pressions que voudront bien exercer les Chinois sur le président soudanais.

La presse allemande nous propose aussi cette semaine plusieurs éclairages sur le Zimbabwe, et cela à l’occasion du sommet de la SADC, la communauté de développement de l’Afrique australe, qui a eu lieu à Lusaka en Zambie.

"Dans un pays où il n’y a plus rien" - c’est le titre d’un reportage qu’on peut lire dans la Tageszeitung. Un reportage donc sur la pénurie criante de produits de base. Exemple dans la petite ville de Beitbridge, à la frontière avec l’Afrique du sud, où les magasins sont vides, les stations-services fermées. Toujours à la frontière avec le voisin sud-africain, la Frankfurter Rundschau nous relate comment des milliers de chômeurs zimbabwéens tentent jour après jour de franchir les barbelés qui les séparent d’un pays vu comme une terre promise. Plus de deux millions de Zimbabwéens, souligne le journal, mènent à Prétoria, à Johannesburg ou au Cap une existence misérable dans des bidonvilles, sous les ponts ou dans des bandes de malfaiteurs. Le gouvernement sud-africain, dont les prétendus efforts pour régler la crise au Zimbabwe n’ont rien donné, conteste la gravité de la situation. Le Tagesspiegel de Berlin a interrogé un député social-démocrate allemand Reinhold Hemker, également pasteur protestant mais surtout président de la Société germano-zimbabwéenne. Selon lui la solution de la crise au Zimbabwe passe par deux étapes. Tout d’abord la tenue d’élections propres, sans doute en mars de l’année prochaine, puis la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale composé de la ZANU-PF, l’actuel parti au pouvoir, et du MDC, le principal parti d’opposition. A noter aussi que Reinhold Hemker demande que le président Mugabe, qui reste un héros pour de nombreux Africains, soit expressément invité au sommet euro-africain prévu à la fin de l’année au Portugal. Mais ajoute-t-il, il faudra lui dire que cela ne peut pas continuer ainsi.

Autre thème: la République démocratique du Congo, et les immenses richesses de son sous-sol. Plus précisément les fabuleuses ressources minières de la province du Katanga, dans l’extrême sud-est de la RDC. Aujourd’hui, lit-on dans un long reportage de la Tageszeitung, la plupart des mines sont à l’arrêt. Le gouvernement espère relancer la production grâce à de nouveaux investissements étrangers. Mais le contrôle du bassin minier fait l’objet d’une lutte de pouvoir sans merci. La Gecamines, l’ancienne société d’Etat, est en voie de dépeçage. Trois des hommes d’affaires les plus durs du continent s’affrontent, explique le journal: tout d’abord George Forrest, un Belge né au Congo. C’est le plus grand employeur privé du pays et le plus puissant entrepreneur minier au Katanga. Le deuxième est un nouveau venu. Dan Gertler, un jeune et très fortuné négociant israélien de diamants. Enfin il y a un aventurier, Billy Rautenbach, un Zimbabwéen blanc . Sur les trois, écrit le journal, il y en a au moins un de trop.

Enfin c’est par une photo parue dans la Frankfurter Rundschau que nous concluerons cette Afropresse. Elle représente un journaliste kényan, un stylo sur la bouche barrée de sparadrap. Les journalistes kényans ont manifesté silencieusement cette semaine à Nairobi pour protester contre une nouvelle loi qui veut les obliger à révéler leurs sources lorsque la justice l’exigera.