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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron7 septembre 2007

RDC – Darfour – Libéria

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Des civils fuient les combats au Kivu
Des civils fuient les combats au KivuImage : AP

Nous commençons par la situation dans l’est de la République démocratique du Congo. De violents combats ont eu lieu cette semaine au Nord-Kivu entre soldats de l’armée gouvernementale et combattants restés fidèles au général déchu Laurent Nkunda.

Des combats qui inspirent à la Frankfurter Allgemeine Zeitung le titre suivant "risque de guerre au Kivu". Ce qui se passe dans cette région, écrit le journal, est symptomatique de la paix dans l’est du Congo, une paix qui n’a jamais existé et que les élections de l’année dernière n’ont pu non plus apporter. Nkunda est un criminel de guerre qui s’est d’abord mis au service du RCD, le Rassemblement pour la démocratie, cet ancien mouvement rebelle téléguidé par le Rwanda, et qui après l’accord de paix de 2003 est entré dans l’armée congolaise avec le grade de général. Mais, poursuit le journal, la particularité de Laurent Nkunda est d’avoir réussi à se mettre en scène comme le Robin des Bois des montagnes du Masisi, comme le seul à s’opposer aux rebelles du Front démocratique pour la libération du Rwanda, les ex-milices hutues responsables du génocide au Rwanda. Nkunda, note encore notre confrère, est assiégé de deux côtés: par l’armée congolaise et par les FDLR qui ne veulent évidemment pas laisser passer cette chance. La MONUC, la mission de l’ONU, a quant à elle les mains liées car une intervention aux côtés de l’armée congolaise lui vaudrait les applaudissements des assassins de masse des FDLR. La Tageszeitung de Berlin estime pour sa part que la MONUC prend bel et bien parti, tout en demandant publiquement la fin des combats. Elle a convoyé par avion une brigade gouvernementale de 2 200 hommes dans les montagnes du Masisi pour qu’elle y attaque Laurent Nkunda. Cela dit, souligne ce quotidien, la nouvelle guerre du Nord-Kivu est une guerre des rumeurs. On entend dire que 12 000 soldats sont venus du Rwanda pour appuyer Nkunda, et que 16 000 miliciens font route depuis le nord pour chasser les Tutsis. Les deux armées n’existent que dans l’imagination de leurs inventeurs. La guerre réelle est suffisamment violente. Toujours à propos de la RDC, c’est à une autre guerre que s’intéresse la Süddeutsche Zeitung. Une guerre perdue, pour l’instant, contre le trafic de bois. Le bassin du Congo abrite la plus grande forêt tropicale humide après celle de l’Amazonie, rappelle le journal. Beaucoup de firmes internationales sont donc présentes sur le terrain et déboisent à outrance.

Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, était cette semaine en Afrique. Il a achevé jeudi sa visite au Soudan et le dossier du Darfour revient donc la presse allemande. Les entretiens de Ban Ki-moon à Khartoum ont notamment porté sur le déploiement prévu de la MINUAD, la force hybride ONU-UA. Mais pour la Süddeutsche Zeitung, la communauté internationale a trop concentré ses efforts diplomatiques sur l’envoi d’une force militaire au Darfour. Elle a investi beaucoup trop peu d’énergie dans la recherche d’une solution politique. Cela tient peut-être au fait, suppute le journal, qu’une grande mission de paix est plus prestigieuse que des négociations diplomatiques, d’autant que celles-ci sont particulièrement difficiles au Soudan. Une chose est sûre, poursuit la Süddeutsche Zeitung: la solution politique présuppose obligatoirement de coopérer avec le gouvernement chinois, un allié proche du régime El-Béchir. Et pour obtenir cette coopération il faut miser sur l’intérêt majeur des Chinois: le pétrole. Richard Goldstone, ancien juge au tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda propose la chose suivante, explique le journal: les recettes soudanaises tirées de la vente du pétrole seraient placées sous contrôle international. Les Chinois pourraient donc continuer d’acheter du pétrole, mais l’on pourrait contraindre les Soudanais à financer la reconstruction du Darfour au lieu de financer la guerre.

Le Libéria a vécu quatorze années de guerre. Et c’est aux femmes, victimes souvent silencieuses de cette guerre, que la presse allemande s’intéresse cette semaine.

La Frankfurter Rundschau consacre un long article à celles qui ont payé un lourd tribut mais qui aujourd’hui entrent en résistance. Par exemple dans le village de Fishtown, à 150 km de la côte atlantique. Selon les estimations des Nations unies, lit-on dans cet article, trois femmes sur quatre, au Libéria ont été violées pendant les 14 années de guerre qui furent une orgie de violence. Elisabeth Greene par exemple a été violée avant de voir sa fille de 10 ans violée sous ses yeux. Et la guerre, disent les femmes de Fishtown, a rendu les hommes encore plus violents qu’ils ne l’étaient auparavant. Il ne leur vient même plus à l’esprit qu’il est injuste de contraindre une femme à l’acte sexuel. Lorsqu’une épouse se refuse les hommes se sentent en droit de la frapper jusqu’à ce qu’elle perde conscience. Une étude de l’organisation mondiale de la santé, note le journal, a révélé que la violence émanant des hommes causait chez les Libériennes de 15 à 44 ans plus de décès et de handicaps chroniques que le cancer, le paludisme, les accidents de voitures et les séquelles de la guerre réubis. Mais à Fishtown donc, les femmes commencent à dire non. Non à tous ces hommes qui ne bougent pas le petit doigt alors que les femmes doivent faire des kilomètres à pied avec un chargement de bois sur la tête. Non à ceux qui crient et frappent lorsque le repas ne leur plait pas. Les femmes de Fishtown ont créé une association, dont la présidente est justement Elisabeth Greene.

Enfin plus brièvement, la Frankfurter Allgemeine Zeitung a consacré un article au Maroc dans son édition de jeudi, à la veille donc des élections législatives. Et selon le journal, qui se réfère à des instituts de sondage marocains, les islamistes du PJD avaient de bonnes chances d’arriver en première position.