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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron28 septembre 2007

Fonds mondial – UE/Tchad – Inondations

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Inondations en Ouganda
Inondations en OugandaImage : AP

Cette semaine l’un des grands sujets aura été la réunion à Berlin du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ce fonds qui est opérationnel depuis 2002 n’a pas été créé spécialement pour l’Afrique, mais les trois pandémíes que vous venez de citer, Mahamadou, ravagent tout particulièrement le continent africain. La photo de trois orphelins du sida en Tanzanie fait la une de la Tageszeitung. "Des milliards pour des millions" titre le journal. Entendez par là des milliards de dollars pour des millions de malades. Au total les pays donateurs réunis à Berlin se sont engagés à verser près de 10 milliards de dollars au Fonds pour la période 2008-2010. L’ambition de ne pas promouvoir uniquement des projets isolés contre le sida et d’autres épidémies, mais de préserver des systèmes entiers de santé de l’effondrement semble maintenant à portée de main, écrit le journal. C’est le triomphe d’une bonne idée qui lors de la création du fonds il y a cinq ans avait été taxée d’utopique. Mais poursuit la TAZ, pour la politique internationale de santé, c’est aussi un immense défi. S’il devait apparaitre dans quelques années que des sommes importantes se sont évaporées dans des appareils ministériels inefficaces le concept du fonds de l’ONU serait durablement endommagé. La Tageszeitung nous apprend par ailleurs que jusqu’à présent l’Ethiopie est le pays qui, en valeur absolue, a reçu le plus d’argent du Fonds mondial, mais que, par rapport au nombre d’habitants c’est au Rwanda que le Fonds est le plus actif. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie une interview avec Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, qui a présidé la conférence de Berlin, et qui passe pour le père du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ce n’est pas seulement le présent qui meurt en Afrique, souligne-t-il, c’est aussi l’avenir. Et Kofi Annan salue donc le courage d’un homme comme le président du Botswana, l’un des premiers à avoir parlé publiquement du sida. La Frankfurter Rundschau publie de sont côté une interview avec un gynécologue d’un hôpital de Lilongwe, au Malawi. Le Dr. Tarek Meguid déplore surtout que le Malawi soit le pays qui ait la plus forte mortalité maternelle au monde. Nous ne sommes, dit-il, que deux gynécologues à Lilongwe, pour deux millions de femmes, et nous avons 30 à 40 naissances par jour. Beaucoup de femmes sont séropositives. Nous devons faire quelque chose pour les mères et nous avons besoin d’une bonne prévention de la transmission du sida de la mère à l’enfant. Le journal consacre aussi un article aux maladies oubliées de l’Afrique: la fièvre Ebola, la cécité des rivières, la maladie du sommeil, pour ne citer que quelques exemples. Beaucoup de ces maladies, note notre confrère, pourraient être éradiquées par des moyens relativement simples. Mais 1% seulement des médicaments mis au point par l’industrie pharmaceutique au cours des 25 dernières années vise le traitement de maladies tropicales.

Autre thème cette semaine dans la presse allemande: l’envoi d’une force européenne dans l’est du Tchad et le nord-est de la République Centrafricaine, aux frontières avec le Darfour. Le déploiement de cette force a été approuvé à l’unanimité par le conseil de sécurité de l’ONU.

Et pourtant, selon la Tageszeitung, cette unanimité ne peut occulter de profondes divisions chez les Européens. Les rebelles tchadiens, note le journal, ont déjà menacé de combattre cette force européenne si elle n’est qu’une variante élargie de la force française présente au Tchad. De là la proposition de la France d’envoyer le contingent dit "nordique" de l’Union Européenne, soit au total 2 400 hommes dont 2 000 Suédois. Mais finalement ce n’est pas ce groupe qui sera envoyé. La Suède et la Finlande ont bien promis des troupes, mais dans un ordre de grandeur beaucoup plus modeste. La Grande-Bretagne et l’Allemagne ne veulent pas s’associer à cette mission, qui de toute façon sera totalement dépendante des infrastructures de l’armée française au Tchad. Plus généralement la Tageszeitung relève que lors du débat sur l’Afrique initié par Nicolas Sarkozy au conseil de sécurité de l’ONU, le nouveau président français n’a pas eu la partie facile. Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’Union africaine, a demandé la fermeture des bases françaises en Afrique et d’autres orateurs ont plaidé pour moins d’interventions militaires extérieures. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note qu’en dehors de la France, seule une poignée d’Etats membres de l’UE se sont engagés à fournir de petits contingents pour le Tchad. Ces hésitations sont compréhensibles, écrit le journal. Car malgré l’engagement personnel de Nicolas Sarkozy et de son ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, la France n’a pu expliquer de manière convaincante ce que les soldats européens, plus 300 policiers mandatés par l’ONU, iront faire au Tchad. La France fait assurément quelque chose dans la crise du Darfour. Mais est-ce plus que du brassage d’air, s’interroge le journal.

Enfin les inondations dans une vingtaine de pays africains continuent de retenir l’attention de la presse allemande.

La Frankfurter Rundschau par exemple rappelle que dès le mois de mai les météorologues avaient annoncé des pluies particulièrement fortes pour cette saison. A l’époque aucun gouvernement n’avait réagi à l’avertissement. Or, souligne le journal, les climatologues enregistrent dans certaines régions d’Afrique des précipitations de plus en plus violentes. Apparemment à cause du réchauffement climatique. Et l‘impact de ces fortes pluies se fait de plus en plus menaçant. Les dommages écologiques comme le déboisement détruisent des mécanismes naturels d’autorégulation. La surpopulation et les guerres poussent de plus en plus d’individus à s’installer dans des régions précaires. L’urbanisation débridée, sans système d’égouts, accroît le risque d’épidémies. L’Ouganda, note le journal, annonce déjà un doublement des cas de diarrhée et de paludisme.