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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron19 octobre 2007

Alimentation – Tchad – RDC

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La faim au Niger
La faim au NigerImage : AP

La journée mondiale de l’alimentation, célébrée le 16 octobre, inspire aux journaux allemands de nombreux articles sur l’Afrique. Des articles accompagnés, d’un journal à l’autre, du même graphique. C’est l’index de la faim dans le monde, mis au point par l’Agro-action allemande en coopération avec un institut américain, l’Institut international de recherche pour la politique agricole et alimentaire. Il révèle que neuf pays africains figurent parmi les dix pays qui souffrent le plus de la faim dans le monde. En premier lieu: le Burundi, suivi de la République démocratique du Congo et de l’Erythrée. L’Ethiopie, elle, occupe la cinquième place. Et comme l’explique la Tageszeitung, la faim en Ethiopie s’explique en partie par l’absence de propriété foncière privée. Tout appartenant à l’Etat, les paysans n’investissent pas. Par exemple ils ne plantent pas d’arbres, car ils n’ont pas la certitude de pouvoir en récolter un jour les fruits. Or les arbres , souligne le journal, est ce dont l’Ethiopie a le plus urgemment besoin. Il y a cent ans, 48% du pays étaient couverts d’arbres. Aujourd’hui ce ne sont plus que 2%. Cela dit l’Ethiopie pourrait bientôt commencer à livrer des céréales à d’autres pays africains. La TAZ note en effet qu’une économiste éthiopienne, Eleni Gabre-Madhin, est en train de créer à Addis Abeba la première bourse céréalière d’Afrique. L’Ethiopie, souligne cette économiste citée dans l’article, est le deuxième producteur de maïs d’Afrique, or des millions de personnes souffrent de la faim dans le nord du pays, alors que dans le sud les récoltes sont abondantes. La plupart des dix millions de familles paysannes en Ethiopie vont rarement plus loin que le village d’à côté, et elles n’ont aucune idée du prix des céréales sur le marché. L’initiatrice de la bourse céréalière entend y remédier en construisant des entrepôts où les paysans pourront livrer leurs récoltes et où les prix les plus actuels seront toujours affichés.

L’envoi d’une force de paix européenne au Tchad et en République Centrafricaine est également évoquée cette semaine dans la presse allemande. Les ministres européens des affaires étrangères ont en effet approuvé cette opération baptisée "EUFOR Tchad-RCA".

La mission devrait commencer dès le mois de novembre, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung et durer tout d’abord un an. 2 500 soldats auront pour mission de protéger les réfugiés venus du Darfour. Soit une opération finalement plus modeste que prévu, note le journal, les Etats européens prêts à fournir des troupes n’étant pas suffisamment nombreux. La mission au Tchad passe pour extrêmement coûteuse. C’est ce qui a, entre autres, poussé le gouvernement allemand et d’autres contributeurs potentiels de troupes comme la Grande-Bretagne ou l’Italie à ne pas s’engager directement. Berlin dit préférer continuer à soutenir la mission de l’Union africaine au Darfour. La Tageszeitung relève qu’avant même l’arrivée de la force européenne au Tchad, son terrain d’opération a été le théâtre de violents combats entre soldats gouvernementaux et partisans de l’ancien chef rebelle Mahamat Nour. Bref pour le journal, bien des ombres planent sur cette mission européenne, vue de surcroît d’un mauvais oeil par plusieurs groupes rebelles tchadiens du fait du double rôle de la France, à la fois principal contributeur de troupes et principal appui aux gouvernement tchadien et centrafricain.

Dans l’est du Congo, au Nord-Kivu, une accalmie a été observée ces derniers jours dans les affrontements entre forces gouvernementales et partisans de l’ex-général Laurent Nkunda. La presse allemande s’en fait l’écho mais continuer de s’inquiéter pour le sort des populations civiles.

Les combattants de Laurent Nkunda, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ont depuis lundi dernier trois semaines pour se rendre. C’est le nouvel ultimatum lancé par le ministre congolais de la défense. Un ultimatum proclamé à l’issue de discussions, à Goma, entre le chef de la mission de l’ONU en RDC, William Swing, et le président Joseph Kabila. William Swing, note le journal, était accompagné des ambassadeurs d’Afrique du sud, de Grande-Bretagne et de Belgique ainsi que du chargé d’affaires américain à Kinshasa. Les diplomates ont fait comprendre à Kabila que sa visite d’Etat prévue pour le 26 octobre en Amérique serait compromise s’il ordonnait une offensive dont souffrirait à coup sûr la population civile. Mais dans le même temps William Swing a exhorté les pays voisins à se comporter en "bons voisins". Une menace, ajoute le journal, à l’adresse du Rwanda qui passe pour le principal soutien de Laurent Nkunda. Les Nations unies, poursuit le journal, espèrent convaincre un maximum de combattants de Laurent Nkunda de se rendre avant l’expiration du nouvel ultimatum. "Echoués dans les montagnes du Cogno", titre de son côté la Tageszeitung, qui consacre un article aux centaines de milliers de civils déplacés depuis le début des combats.

Enfin la presse allemande s’intéresse à un objet qui a révolutionné l’Afrique: c’est le téléphone portable.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre une page entière à cette invention qui change la vie des Africains. Avant le téléphone portable, écrit le journal, seule la bicyclette avait révolutionné à ce point le continent. 300 millions d’Africains pourront bientôt téléphoner sans fil. Le marché de la téléphonie mobile est le secteur qui enregistre la croissance la plus rapide en Afrique. La disponibilité, omniprésente, d’une technologie de la communication peut sembler normale aux Européens, écrit le journal. En Afrique, où un voyage dans la ville la plus proche peut tenir du défi, communiquer sans limite est faire un saut dans le temps. "C’est comme si quelqu’un allumait la lumière dans une pièce sombre" – cette formule est de Mo Ibrahim, le fondateur de Celtel. Mais souligne la FAZ, l’enjeu n’est pas seulement économique. Il est aussi politique. La fraude électorale en Afrique est devenue plus difficile depuis que les partis d’opposition envoient dans les bureaux de vote des observateurs armés de portables qui communiquent immédiatement la moindre irrégularité. Et le monde entier est informé en quelques minutes des violations des droits de l’homme commises dans les régions reculées du Darfour.