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Afropresse, l' Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron2 octobre 2009

La Guinée domine cette semaine l'actualité africaine dans les journaux allemands.

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Moussa Dadis CamaraImage : AP

Massacre de manifestants en Guinée, titre la Tageszeitung après la sanglante répression de la manifestation du 28 septembre dernier à Conakry. Jamais encore depuis l'indépendance du pays il y a 51 ans, souligne la TAZ, la Guinée n'a été gouvernée par des civils. La tentative de mettre sur pied une forte opposition civile contre les militaires au pouvoir a été noyée dans le sang,écrit la TAZ. A l'évidence les militaires veulent empêcher que Conakry, comme dans les dernières années du défunt dictateur Conté ne devienne le fief d'un puissant front de l'opposition et ne soit donc incontrôlable. Coups de feu sur une foule sans défense, titre de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Jusqu'à présent le putschiste Moussa Dadis Camara passait pour une sorte de Robin des Bois en uniforme. Soir après soir, il passe à la télévision pour dénoncer à cor et à cris la corruption et hurler sur les prétendus responsables jusqu'à ce qu'ils passent aux "aveux". Mais poursuit le journal, l'enthousiasme initial suscité par Moussa Dadis Camara s'est évanoui. Celui qui a pris le pouvoir au lendemain de la mort du président Conté le 22 décembre dernier, voulait à l'origine organiser seulement des élections libres, et se retirer. Or il entend à présent se faire élire président. Au début il semblait sincère, Mais il est vrai, souligne la Frankfurter Allgemeine, que la population n'avait pas grand chose à perdre. Lansana Conté, arrivé lui-même au pouvoir par un coup d'Etat, a dirigé pendant 25 ans ce pays riche en matières premières. Conté appuyait son pouvoir sur l'armée. Tous ceux qui étaient susceptibles de devenir un danger politique pour lui étaient bien inspirés de quitter le pays. C'est à cette époque, note encore le journal, que la Guinée est tombée à l'une des dernières places selon l'indice de développement de l'ONU.

Verarbeitung von Kakaobohnen in Ghana
Image : dpa - Bildarchiv

Nourrir l'Afrique alors que les sols s'épuisent et que la population du continent continue de croître - le défi est immense. Il retient l'attention cette semaine de deux quotidiens allemands. La Süddeutsche Zeitung évoque le cas de la République du Congo qui veut confier huit à dix millions d'hectares de terres à des cultivateurs sud-africains - sans demander un cent de fermage. Cela représente près d'un tiers du territoire national. Selon le vice-président de la fédération des fermiers sud-africains, Theo de Jager, l'accord devrait être signé début octobre. A en croire les discours officiels, poursuit le journal, cet accord présente des avantages pour tout le monde. Le président Denis Sassou Nguesso veut garantir, avec l'aide des étrangers, que les quatre millions de Congolais aient suffisamment à manger à des prix abordables. Depuis la fin de la guerre civile en 2003, note le journal, la République du Congo a encouragé l'industrie pétrolière, mais négligé l'agriculture. Presque tous les produits alimentaires doivent être importés, principalement de France. La flambée, l'an dernier, des prix alimentaires a durement éprouvé les Congolais. Aujourd'hui encore les tomates au Congo coûtent huit fois plus cher qu'en Afrique du sud, les oeufs dix fois plus. Au total, note plus loin la Süddeutsche Zeitung, 1 700 fermiers sud-africains veulent s'installer au Congo. Reste à savoir quel pourcentage de leur production restera dans le pays et si les Congolais auront les moyens d'acheter leurs produits. Sans compter, relève encore le journal, que les Sud-Africains se réjouissent à l'idée de pouvoir cultiver au Congo du maïs pour produire du biocarburant, ce qui est interdit en Afrique du sud où le maïs est une denrée de base, alors que les Congolais mangent plutôt du manioc.

Hungersnot in Uganda
Image : picture-alliance/ dpa

Le second article est paru dans la Frankfurter Rundschau. Il relaie tout d'abord cette prévision de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. En dépit de la croissance de la population mondiale, qui devrait passer de 6,9 milliards actuellement à plus de 9 milliards en 2050, l'humanite sera en mesure de se nourrir, estime la FAO à quelques semaines de son sommet mondial. Une étude du centre d'analyse de la Deutsche Bank, Deutsche Bank Research, estime elle aussi que cet objectif peut être atteint, note le journal. L'auteure de l'étude déplore l'immense perte de biodiversité induite par l'agriculture intensive. Pour l'avenir elle mise donc dans son rapport non seulement sur un usage "raisonnable" d'engrais synthétiques mais aussi sur les engrais organiques et l'agriculture bio. Un type d'agriculture qui présente surtout des avantages pour les pays africains dans la mesure où, tout en étant aussi productive que l'agriculture industrielle, elle est infiniment plus durable. Toujours selon l'auteure de ce rapport, lit-on en effet dans l'article de la Frankfurter Rundschau, la main d'oeuvre en Afrique est bon marché, et puisque l'agriculture bio est une agriculture à forte intensité de main d'oeuvre, elle est à la fois mieux adaptée aux réalités africaines et meilleur marché, les dépenses pour les engrais et les pesticides étant supprimées. Dans ce contexte l'étude accorde un rôle clé aux petits paysns et insiste sur la nécessité d'améliorer leur accès à la terre, à l'eau et au savoir.

Enfin le quotidien Neues Deutschland se fait lècho de la récentre visite à Berlin de l'ancien président burundais Domitien Ndayizeye. Il a participé dans la capitale allemande à une rencontre avec la presse organisée par le Réseau oecuménique pour l'Afrique centrale et l'International Crisis Group. Dans la perspective des élections de 2010, il reproche à son successeur Pierre Nkurunziza de saper le système parlermentaire du pays et de compromettre la base du processus de paix. Domitien Ndayizeye, note le journal, sera candidat à la présidentielle de 2010 pour le FRODEBU, le principal parti d'opposition. Et il demande à la communauté internationale d'envoyer des observateurs.