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Afropresse à présent, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron2 janvier 2009

Nous commençons par l'événement qui aura marqué la fin de l'année 2008 sur le continent africain: le coup d'Etat militaire en Guinée, après la mort du président Lansana Conté.

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Moussa Dadis CamaraImage : AP

"Le soldat inconnu de Guinée", titre la Tageszeitung pour présenter, sinon le nouvel homme fort de la junte, du moins celui qui est devenu président, le capitaine Moussa Dadis Camara. Politiquement, rappelle le journal, Camara a fait pour la première fois parler de lui en mai et juin 2008. Il a participé, au sein de l'armée, à une série de troubles opaques au cours desquels des groupes rivaux des forces de sécurité se sont livré de sanglants combats.

Les occidentaux et l'Union africaine, note la Berliner Zeitung, ont protesté à l'unisson contre le coup d'Etat. Difficile à croire donc que le putschiste Camara soit acclamé chez lui comme un porteur d'espoir. Tous ceux qui ont toujours estimé que l'Afrique n'était pas mûre pour la démocratie se sentent confortés. Or souligne le journal, si en Afrique des militaires peuvent de nouveau incarner un espoir, c'est précisément parce que les semblants de démocraties, comme celle de Conté, maltraitent leur population, pillent le pays et le considèrent comme leur propriété privée sans soulever la moindre critique. Tant que des élections sont organisées de temps en temps, même si à chaque fois le prince régnant est réélu avec une majorité écrasante, les Etats-Unis et l'Union européenne s'accommodent des régimes les plus brutaux. Des compagnies occidentales comme Rio Tinto ou Alcoa, qui exploitent en Guinée les plus grands gisements de bauxite au monde, aiment de surcroit rappeler à leurs gouvernements qu'elles ont avant tout besoin de stabilité. Une stabilité qui a toujours été garantie dans la Guinée de Conté, ajoute le journal. Les régimes militaires ne sont certainement pas meilleurs, poursuit ce confrère. Il importe donc que les l'UE et les Etats-Unis démasquent des "démocraties" comme celles du Cameroun, de la RDC ou de la Guinée Equatoriale pour ce qu'elles sont, à savoir des dictatures en attente. Sinon il sera bientôt trop tard et un autre soldat pourra se laisser acclamer comme le sauveur des opprimés.

La démission du président somalien Abdullahi Yussuf apportera sans doute de l'eau au moulin des afropessimistes. Le président Yussuf, écrit la Tageszeitung, a justifié sa démarche en imputant aux Nations unies une part de responsabilité dans l'effondrement de la Somalie. Il a dénoncé les promesses d'aide non tenues. Mais même s'il a raison sur ce point, il omet de dire que la guerre qu'il a attisée contre les islamistes radicaux transforme rapidement les secouristes en cibles et que, dans la situation actuelle, toute aide sérieuse est devenue impossible. Pour la Süddeutsche Zeitung, il est difficile de prédire quelles seront les conséquences de la décision d'Abdullahi Yussuf. D'un côté sa démission ouvre la porte à la relance d'un processus de paix qu'il a lui-même entravé. De l'autre elle risque d'attiser les luttes de pouvoir en Somalie et d'entrainer plus profondément encore le pays dans la violence. L'éclatement du gouvernement somalien de transition , mis sur pied il y a quatre ans après de longues négociations au Kenya, était à prévoir depuis longtemps, poursuit le journal. Elle coincide avec le retrait prévu des troupes d'occupation éthiopiennes, puissance protectrice de Yussuf. Sans le soutien militaire d'Addis Abeba le fragile gouvernement de transition n'était pas viable. Toujours à propos de la Somalie le même journal se fait l'écho de la participation de la Chine à la lutte contre la piraterie en mer au large des côtes somaliennes. Il s'agit, rappelle le journal, du premier grand engagement de la marine chinoise dans les eaux internationales depuis la création de la république populaire de Chine. Les pirates ont fourni à la Chine une occasion idéale pour faire la démonstration d'une nouvelle assurance. Jusqu'à présent, note de son côté la Tageszeitung, la doctrine militaire chinoise se cantonnait à la défense des frontières du pays. La marine chinoise a maintenant de nouvelles missions, entre autres celle de protéger les intérêts commerciaux chinois dans le monde.

Au chapitre des bilans de l'année 2008 en Afrique, la Süddeutsche Zeitung souligne qu'elle a été pour les Zimbabwéens une année de souffrance et de terreur. Robert Mugabe s'accroche au pouvoir et entraîne avec lui le pays dans l'abîme. Une année en enfer, titre la Frankfurter Rundschau. Cela concerne cette fois le Kenya et les violences post-électorales qui ont fait plus de 1 300 morts au début de l'année passée. Une année en enfer par exemple pour Isaac Mofedi, grièvement blessé à coups de machettes et qui a passé des mois dans des hôpitaux et des camps de réfugiés. Ce petit paysan et sa famille, lit-on dans l'article, vit toujours, avec un millier d'autres déplacés, dans un camp de toile à l'extérieur de la ville de Naivasha. Et, souligne-t-il, même si le gouvernement verse enfin les 10 000 shillings promis - environ 100 euros - d'aide à la réinsertion, il est exclu pour lui de rentrer à Narok. Située à deux heures de route au sud de Nairobi, Narok a été de tout emps en territoire masaï. Les Kikuyus comme Isaac Mofedi ne s'y sont installés qu'après l'indépendance, encouragés en cela par le premier président, Jomo Kenyatta, lui-même un Kikuyu. Leurs rapports avec les Masaïs sont toujours restés tendus. Des tensions que les politiciens ont tenté d'exploiter à leur avantage à chaque élection, ajoute la Frankfurter Rundschau.