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Afropresse à présent, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron13 juin 2008

Les journaux cette semaine font montre d'un regain d'intérêt pour le Kenya. A cela une raison: les élections partielles qui viennent d'avoir lieu dans cinq circonscriptions.

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Vendeur de bananes à NairobiImage : AP

Terre brûlée, titre la Berliner Zeitung. Six mois après l'explosion de violence au Kenya la haine continue de régner. Bien des choses se sont passées en six mois, note le journal, autrement dit depuis les élections de décembre 2007. Il y a eu des pourparlers de paix. Une grande coalition gouverne à Nairobi depuis le mois de mars. Il est question de réconciliation et de reconstruction. Mais ces mots ne laissent aucune trace dans la vallée du Rift. Par exemple dans les villages et les localités qui entourent Kericho. La violence n'est pas oubliée. L'atmosphère est chargée, comme si cette violence pouvait de nouveau exploser à tout moment. Le long de l'autoroute est-africaine qui relie la côte kényanne à l'Ouganda, la plupart des hôtels et des magasins sont détruits. Des squelettes de béton se dressent de part et d'autre de la route. Les propriétaires, pour la plupart des Kikuyus, n'osent pas revenir. Personne ne sait s'ils reviendront un jour, poursuit le journal. A propos de l'Ouganda justement, la Tageszeitung relève que les rebelles ougandais sont de nouveau en guerre. Le 10 avril dernier un accord de paix, obtenu grâce à la médiation du gouvernement autonome du Sud-Soudan, aurait dû être signé, rappelle le journal. Il n'en a rien été. Josef Kony, le chef de la LRA, n'est pas venu à la cérémonie de signature. Depuis, la LRA a étendu son contrôle sur certaines parties du nord-est du Congo et , de source sud-soudanaise, elle a recruté des milliers de combattants congolais. Elle a aussi ouvert des voies d'approvisionnement avec la République Centrafricaine où elle a attaqué des villages et où elle serait en contact avec des rebelles centrafricains et tchadiens. Des rebelles soutenus par le gouvernement soudanais, au même titre que la LRA lorsqu'elle combattait encore en Ouganda. Des observateurs , poursuit le journal, affirment que la LRA reçoit de nouveau des armes du gouvernement soudanais. Dans le contexte d'un échec possible de la paix au Soudan, où le gouvernement et la SPLA, l'ex-rébellion sudiste , se sont livré dernièrement de violents combats, la LRA est redevenue un allié de choix pour le gouvernement soudanais contre la SPLA au Sud-Soudan. Les nouvelles offensives de la LRA attisent donc de nouveau le risque d'une guerre régionale, souligne la TAZ. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note malgré tout un certaine détente dans la province pétrolifère d'Abyei au Soudan. Après les violents combats qu'évoquait la Tageszeitung, les deux parties se sont mises d'accord sur la mise en place d'une administration intérimaire commune pour la région d'Abyei, à la frontière entre le nord et le sud-Soudan. Une fin de la querelle semble pourtant improbable, ajoute le journal, car le président El Béchir ne donne pas l'impression de vouloir céder à l'ancien ennemi sudiste cette région riche en matières premières.

Inévitablement le Zimbabwe figure également en bonne place cette semaine dans l'actualité africaine vue par la presse allemande. Au fur et à mesure que le second tour de l'élection présidentielle approche au Zimbabwe, écrit la Süddeutsche Zeitung, le régime accroit sa brutalité. Le vote aura lieu le 27 juin, mais il est clair, d'ores et déjà, que cette élection sera une farce. Dans les villages du Mashonaland en particulier, où Robert Mugabe a subi de sérieux revers au premier tour de la présidentielle, le régime a lâché ses nervis et ses militaires. Les vétérans de la lutte de libération font la chasse à tous les sympathisants présumés de l'opposition. Mugabe mène probablement sa dernière bataille, souligne le journal. Parce qu'il a ruiné son pays et poussé la masse de la population au désespoir, jamais le président ne pourrait remporter l'élection si elle était libre et équitable. Mugabe et ses favoris sont donc prêts à tout. Car le président et ses généraux ont tout à perdre si l'opposition arrive au pouvoir. Ils veulent protéger les prébendes qu'ils ont accumulés en près de 30 ans de pouvoir. Toujours dans la Süddeutsche Zeitung, Peter Bouckaert, de Human Rights Watch, commente dans une interview la décision du régime zimbabwéen de suspendre les activités des organisations non gouvernementales. Mugabe, dit-il, sait que les ONG informent l'opinion publique internationale sur la violence de son régime contre la population à l'approche du second tour. Il veut se débarrasser de ces témoins. Il utilise aussi la faim comme une arme politique. Il veut émettre un signal très clair. La nourriture n'est plus distribuée qu'à ceux qui votent pour lui.

Enfin après l'accident de l'Airbus de Sudan Airways, mardi dernier à l'aéroport de Khartoum, ler Tagesspiegel de Berlin note que ce nouvel accident s'inscrit dans une longue série de crashs aériens sur le sol africain. Bien que le continent noir ne représente que 3% des vols mondiaux, le ciel entre Le Cap et Le Caire devient de plus en plus dangereux, écrit le journal. Selon l'Agence internationale de l'aviation civile, l'IATA, près de 20% des accidents d'avion mortels se produisent en Afrique. A cela plusieurs raisons, bien connues, que le journal rappelle: l'absence de contrôles, le mépris des règlements, le manque d'entretien et la vétusté des appareils. Seule une poignée de compagnies aériennes africaines sont compétitives au niveau international, ajoute le Tagesspiegel qui en cite trois: South African Airways, Kenya Airways et Ethiopian Airlines.