1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse à présent, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron23 juillet 2004

Soudan – Afrique/Réfugiés – Ouganda

https://p.dw.com/p/C9km
Image : AP

Sans surprise le Soudan continue d’occuper une large place dans l’actualité africaine. La Frankfurter Rundschau par exemple consacre une page entière au conflit du Darfour. On peut y lire notamment une tribune signée Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain. Les Etats-Unis, écrit Colin Powell, continueront de coopérer avec leurs amis africains et la communauté internationale pour contribuer au règlement de conflits comme celui-ci. Nous maintiendrons la pression. Seuls des actes, et non des paroles, peuvent gagner la course contre la mort au Darfour. A côté, et sous la photo d’un groupe de rebelles armés, le journal publie un reportage relatant une rencontre avec Aboubakkir Hamid Nour, le coordinateur du Mouvement Justice et Egalité, l'une des composantes de la rébellion dans le Darfour. Nous apprenons qu’il a 49 ans, qu’il a étudié le développement durable à l’université de Khartoum et qu’il parle un anglais soigné. Avant la rébellion il était responsable de l’amélioration des relations entre sa province et la Libye. A présent cet Africain à la peau sombre ne veut plus entendre parler des Arabes, surtout pas de ceux de son pays. Mais lit-on un peu plus loin Aboubakkir Hamid Nour n’apprécie pas qu’on lui demande avec quel argent les 8 000 combattants du MJE achètent leurs innombrables téléphones satellitaires, leurs fusils automatiques et leurs pickups. La réponse est brève: les armes et les pickups n’ont pas besoin d’être achetés. Ils sont pris à l’ennemi.

Créer en Afrique du nord des camps pour les candidats africains à l’asile en Europe – cette idée du ministre allemand de l’intérieur Otto Schily fait aussi couler beaucoup d’encre cette semaine dans la presse allemande. Il faut dire qu’elle intervient dans le contexte de la polémique sur ces réfugiés africains recueillis en Méditerranée par l’organisation humanitaire allemande Cap Anamur, et débarqués en Sicile. Des réfugiés dont certains, notamment des Ghanéens, ont déjà été expulsés par les autorités italiennes. Pour la Tageszeitung de Berlin l’idée du ministre de l‘intérieur n’est pas contraire, à priori, au droit international. Ruud Lubbers, le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, a déjà fait des propositions similaires. Un immigrant ne devient pas un réfugié du simple fait qu’il a entrepris un voyage coûteux, souvent au péril de sa vie. Si beaucoup de demandeurs d’asile déboutés restent malgré tout en Europe, il est dès lors légitime, écrit le journal, de mener l’examen des demandes d’asile en dehors de l’Europe. Le plan d’Otto Schily n’en est pas moins un mauvais plan, ajoute ce confrère. Car il est douteux que des procédures adéquates puissent être organisées dans le désert libyen. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que les Africains recueillis par Cap Anamur n’étaient pas des victimes d’expulsions et de génocide au Soudan ou au Rwanda, mais des hommes jeunes, solides, qui ont tenté leur chance pour avoir quelques miettes du gâteau de la riche Europe. Une procédure d’asile organisée sur le sol africain sonnerait la fin de leurs espoirs. Beaucoup de ceux qui tentent de franchir la Méditerranée sont des réfugiés économiques, souligne le journal. Faire comme si l’humanisme commandait de leur ouvrir à tous la porte est à la fois hypocrite et autodestructeur. Die Welt évoque la "tempête de protestations" soulevée par la proposition d’Otto Schily, alors que la Frankfurter Rundschau parle d’une illusion fatale. Des camps sur les côtes de l’Afrique du nord pourraient peut-être accueillir des réfugiés sauvés du naufrage, ils ne pourraient empêcher aucun de ces desperados de risquer leur vie à traverser la Méditerranée dans une coquille de noix.

Le même journal, la Frankfurter Rundschau, nous livre aussi un long reportage sur le nord de l’Ouganda. Une région dans laquelle une catastrophe humanitaire, non moins grave qu’au Darfour, est en train de se dérouler dans l’indifférence de la communauté internationale. 18 années de guerre entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’Armée de résistance du seigneur ont totalement détruit les infrastructures, lit-on sous la plume de Heidrun Merck, deputée au parlement régional de Basse-Saxe. Les expulsions massives pratiquées par la rébellion, mais aussi les déplacements forcés de populations par l’armée ougandaise se traduisent par une destruction de la culture et une perte des valeurs. La plupart des déplacés sont des femmes et des enfants. La situation, dans les camps de déplacés, est désespérée.