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Afropresse à présent, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 décembre 2004

Ghana- Mozambique – Soudan

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Image : AP

Nous commençons par le Ghana où le président sortant, John Kufuor, vient d’être réélu.

Deuxième mandat, donc, pour celui qu’on a surnommé le "gentil géant" et qui aux yeux des occidentaux, écrit la Frankfurter Rundschau, a fait du Ghana un modèle de démocratie en Afrique. En 2000 déjà, rappelle le journal, John Kufuor avait nettement battu son principal rival, John Atta Mills, lequel passe pour une marionnette de Jerry Rawlings. Dans le domaine économique, poursuit notre confrère, John Kufuor a réussi à ramener l’inflation de 40 à 12%, à stabiliser la monnaie ghanéenne, le cedi, et à atteindre une croissance de 5%. La bonne tenue des cours mondiaux de l’or et du cacao, les deux principaux produits d’exportation, y est pour quelque chose. Cela dit, souligne le journal, une enquête a révélé que l’éducation des enfants est le thème qui tient le plus à coeur aux 20 millions de Ghanéens. Or dans le nord du pays en particulier, la région la plus pauvre, les analphabètes sont encore nombreux. Et le boom dans l’immobilier autour d’Accra ne peut faire oublier que 40% des Ghanéens vivent encore en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour.

Le Mozambique a organisé lui aussi, au début de ce mois, des élections générales – présidentielle et législatives donc. Les résultats officiels ne seront connus que le 17 décembre mais une chose est sûre: la participation a été plutôt faible et cela a donné au président sortant Joachim Chissano une idée dont la presse allemande se fait l’écho.

C’est là encore la Frankfurter Rundschau qui nous livre l’information. Qui plus est en première page. Selon le journal, la participation n’a pas même atteint les 40% et le président Chissano – qui ne se représentait pas – a tenté de trouver une explication au fort taux d’abstention. Il a évoqué l’analphabétisme, l’ignorance du système politique, et s’est dit persuadé que, si on donnait de l’argent, même un peu seulement, à tous ceux qui votent, les gens seraient plus nombreux à se rendre aux urnes. Les observateurs, poursuit le journal, attribuent la faible participation à d’autres raisons: aux pluies diluviennes, aux deux jours de scrutin déclarés fériés, dont beaucoup de Mozambicains ont profité pour un bref congé, ou encore à la difficulté de faire un choix entre le Frelimo, le parti au pouvoir, et la Renamo, l’ancienne rébellion devenue le principal parti d’opposition. Comme l’explique un électeur: pendant la guerre civile mon grand-père a été tué par la Renamo et ma mère placée dans un camp de rééducation par le Frelimo. Alors pour qui voter? L’on craint à présent, note encore le journal, que la Renamo, dirigée par l’ancien chef rebelle Afonso Dhlakama, refuse de reconnaitre les résultats des élections. Avant même le scrutin Dhlakama avait menacé d’une reprise de la guerre civile. Selon des résultats encore partiels, le candidat du Frelimo à la présidentielle, Armando Guebuza, arrive largement en tête sur Afonso Dhlakama, conclut la Frankfurter Rundschau.

Enfin la poursuite des atrocités au Darfour, dans l’ouest du Soudan, continue de préoccuper la presse allemande.

Dans ce contexte la Frankfurter Allgemeine Zeitung continue de critiquer l’extrême prudence du conseil de sécurité de l’ONU. Le nombre de personnes assassinées au Darfour, note le journal, est maintenant estimé à 70 000. Elles ont été tuées avec l’aval, voire sur ordre du gouvernement, ce que ce dernier bien sûr conteste. Or l’Amérique est le seul pays où l’on a trouvé le courage de parler de génocide au Soudan. Les Nations unies sont restées beaucoup trop réservées, souligne le journal. L’envoi de soldats de l’Union africaine a été accueilli avec soulagement, mais que peuvent-ils faire, s’interroge la Frankfurter Allgemeine.