Afrique du Sud: les revers de la discrimination positive
8 mai 2009S'il y a deux expressions qui sont rapidement devenues à la mode en Afrique du Sud à la fin de l'Apartheid, c'est l' "Affirmative action", soit la discrimination positive, et le "Black Economic Empowerment", une législation qui oblige les entreprises à augmenter la participation des Noirs dans leur capital. Il faut dire qu'en 1994, 98% de la main-d'œuvre non qualifiée d'Afrique du Sud est noire et que la quasi-totalité des postes de direction sont occupés par des Blancs. La nouvelle stratégie du parti au pouvoir, le Congrès national africain, suscite donc bien des espoirs, notamment chez Claas Daun, entrepreneur allemand très actif en Afrique du Sud :
"Des collaborateurs noirs qui sont excellents, qui participent activement, qui se battent, qui agissent, cela existe ! Ce n'est pas comme si l'on pouvait dire que les Noirs ne savent pas y faire. C'est faux"
Ses meilleurs hommes, Claas Daun les a formés lui-même. Il leur fait confiance, les place à des postes de direction mais très vite, il doit se rendre à l'évidence :
"Dès que l'on avait un type vraiment bien, qui se sentait concerné par les résultats de l'entreprise, il était rapidement débauché par l'entreprise suivante qui lui offrait le double de son salaire et hop, le type était aussitôt parti. Autrement dit, on investit dans la formation et il s'en va."
Très vite, un autre problème se pose avec la politique de discrimination positive : étant donné le faible niveau de qualification des Noirs à cause des années d'apartheid, il est très difficile d'atteindre le quota de l'ANC, qui exige qu'au moins 50% des postes dirigeants de l'économie soient occupés par des Noirs. Par ailleurs, de nombreux Blancs, qualifiés, sont contraints de quitter leur emploi. Mathews Phosa, l'un des dirigeants de l'ANC :
"Des promotions qui n'étaient pas réglos, il y en a eu. Des gens qui n'avaient pas le niveau de formation exigé ont été hissés à des postes qu'ils ne pouvaient pas assumer parce qu'ils n'avaient pas les compétences pour.
En ce qui concerne l'autre réforme, celle de la participation des Noirs dans le capital des entreprises, les résultats sont également mitigés. Même si certains sont devenus millionnaires, la plupart n'ont pas fourni pas les résultats escomptés. Quinze ans après la fin de l'apartheid, une économie sud-africaine dominée par les Noirs n'est encore qu'un rêve.