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Accord sur les réfugiés en Allemagne

Tamara Wackernagel5 novembre 2015

En Allemagne, la coalition au pouvoir s’organise pour réduire le flux de réfugiés. Sur les modalités, les joutes verbales des politiques agacent l'opinion. Le point sur les enjeux.

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Deutschland Österreich Grenze Flüchtlinge
Le flux de réfugiés aux frontières allemandes ne faiblit pasImage : picture-alliance/dpa/S. Kahnert

Assurer le renvoi vers leurs pays d'origine des demandeurs d’asile déboutés, et ce dans un temps record: voilà l’objectif que s’est fixé la coalition en septembre. Pour convenir des modalités, les réunions se sont enchaînées. Pour la CSU, la "petite soeur bavaroise" du parti d'Angela Merkel, l’enregistrement doit se faire aux frontières, dans des centres fermés et surveillés. "Pas question!", a répondu le SPD: "La CSU associe à ces "zones de transit" un signal envoyé à tous, dans le monde, disant qu'il ne sert à rien de venir ici, de chercher la protection en Allemagne.", s'indigne Eva Högl, la vice-présidente du groupe social-démocrate au Bundestag, sur les ondes de la radio Deutschlandfunk. "C'est une politique que nous ne souhaitons pas. Par ailleurs, nous nous opposons à toute limitation de la liberté de mouvement. Cela n'est pas envisageable."

Un conservatisme qui fait peur


Le SPD craint un durcissement des politiques d'asile difficilement réversible, une fois la crise passée. Malgré tout, Peter Altmaier, directeur de la chancellerie fédérale et chargé au sein du gouvernement de la coordination des politiques d’asile, est resté confiant. Sur la question des modalités d'examen des demandes d'asile, un compromis sera trouvé, prédisait-il hier: "Nous menons des débats intenses et je ferai en sorte qu'une solution soit trouvée. Une solution qui fonctionne en pratique, sans passer par de la détention. Nous avons la responsabilité de nous mettre d'accord, et nous ferons en sorte que les réfugiés originaires de pays classés "sûrs" soient conscients du fait qu'ils n'ont aucune chance de voir leur demande reconnue en Allemagne."

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Dans la gare de Budapest, en Hongrie, les réfugiés peuvent se reposer dans une zone de transit avant de poursuivre leur routeImage : picture alliance/JOKER

Et c'est chose faite: à l'issue d'une réunion avec les chefs du SPD et de la CSU, Angela Merkel a annoncé aujourd'hui jeudi 5 novembre que les centres d'enregistrement des demandes d'asile seraient répartis sur l'ensemble du territoire, et non implantés aux frontières comme le souhaitait la CSU. Pas de détention, mais une obligation de résidence et des menaces de suspension des services sociaux en cas de non respect des consignes.

Garder la confiance des allemands

La priorité, pour le SPD comme la CDU, est de constituer un front uni. Pour préserver la confiance d’une opinion publique inquiète face à l’afflux de réfugiés. Mais aussi pour rassurer les acteurs de terrain, dans les régions et communes, où la colère gronde. "Le gouvernement fédéral nous verse 670 euros par mois et par réfugié.", confie Gerd Landberg, le dirigeant de l’association fédérale des communes. "Cela ne couvre pas les coûts de l'intégration ou de la construction de nouveaux logements. Cela coûtera beaucoup, beaucoup plus cher. Dix milliards supplémentaires par an! Nous devons faire face à ce défi. L'ouverture de gymnases aux réfugiés ne va pas tout régler..."

Agir, plutôt que de réagir : l’Allemagne aimerait sortir de la politique d'urgence pour envisager des solutions sur le long terme. Alors beaucoup s’agacent des joutes verbales auxquelles se livrent les membres de la coalition.

Deutschland Flüchtlinge LaGeSo Berlin
Au centre d'enregistrement LaGeSo de la ville de Berlin, les réfugiés doivent parfois patienter longtemps avant de pouvoir déposer leur demande d'asileImage : picture-alliance/dpa/K. Nietfeld