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Accord germano-polonais

Sandrine Blanchard28 septembre 2004

Première visite à Berlin, hier, du premier ministre polonais, Marek Belka. Au terme d’entretiens avec son homologue allemand, le chancelier Gerhard Schröder, les deux hommes ont réaffirmé leur intention de faire barrage à d'éventuelles plaintes d'Allemands voulant récupérer des biens qu'ils possédaient avant-guerre en Pologne. Pour ce faire, une commission de juristes sera créée. Les journaux reviennent amplement sur cette décision germano-polonaise.

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La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que si le chancelier Schröder renonce à défendre la cause des Allemands expulsés, le premier ministre polonais, lui, en contrepartie, exclut « absolument » de réclamer des compensations à Berlin pour les pertes subies durant la deuxième guerre mondiale. Rejets d’exigences matérielles, donc, destinées à sauvegarder la réconciliation entre les deux pays, réconciliation qualifiée par Gerhard Schröder de « miracle », comme le rapporte le journal, qui rappelle cependant les critiques de l’opposition allemande : la CDU reproche en effet au chef du gouvernement son « double langage ». Selon elle, quand le chancelier parle de « manque de fondement légal » des revendications des des Allemands de Poméranie, Silésie ou Prusse orientale, il n’ignore pas que leur demande de dédommagement se base en fait sur un droit reconnu à la propriété.

L’autre grand quotidien de Francfort, la Frankfurter Rundschau, écrit que si Gerhard Schröder n’a pas le goût de l’Histoire, il a le sens des gestes qui en imposent. Il a le chic, poursuit le journal, pour allier responsabilité historique et raison d’État. Parce qu’il sait que les différends d’autrefois pèsent sur les relations bilatérales. Le chancelier en a fait l’expérience avec la tension entre les États Unis et l’Allemagne, á propos du dédommagement des anciens travailleurs forcés. Et maintenant avec la Pologne. Ce qui motive les positions du chef du gouvernement face à l’Histoire, estime le journal, ce sont donc des réflexions pragmatiques.

Pour la Süddeutsche Zeitung enfin, il ne faut pas laisser leur chance à ceux qui veulent tourner la roue de l’Histoire à l’envers, à ceux qui tombent dans le chauvinisme passéiste. Le quotidien estime justifié le refus du gouvernement de soutenir les revendications des expulsés allemands. Il juge cependant dangereux de les laisser aller leur cours, ce qui ravive en Pologne la crainte de revoir surgir le voisin allemand surpuissant. C’est pourquoi la création de la commission de juristes est un minimum pour rassurer la nation polonaise devant les velléités de certains Allemands. Elle est aussi le signe de la reconnaissance par l’Allemagne des souffrances qu’elle a infligées à la Pologne. Et peut-être permettra-t-elle aux Polonais de reconnaître à leur tour que leurs demandes de réparations sont tout aussi dépassées, et, , conclut la SZ, de clore enfin la dispute révisionniste qui secoue les deux pays.