Abdel Aziz : un ex-putschiste pour résoudre la crise du Faso?

S’achemine t-on vers un retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso ? Tout porte à le croire, car l’opposition et la société civile ont finalement validé le projet de charte de la transition. Le document a été transmis ce lundi au lieutenant-colonel Isaac Zida qui tient toujours les rênes du pays. C’est dans cette atmosphère de décrispation que le président en exercice de l’Union africaine est arrivé à Ouagadougou. Séjour au cours duquel Mohamed Ould Abdel Aziz a rencontré tous les protagonistes de la crise. Dès son arrivée dans la capitale burkinabè, le président mauritanien a rassuré les uns et les autres en déclarant : ’’L’Union africaine n’est pas venue pour sanctionner le Burkina Faso, mais pour accompagner le processus de retour à l’ordre constitutionnel." Mohamed Ould Abdel Aziz a dans la foulée échangé avec celui qui fait actuellement office de chef de l’Etat du Faso, le lieutenant-colonel Isaac Zida. Dans l'après-midi, le président mauritanien a eu une séance de travail avec l’opposition et la société civile.

Mohamed Ould Abdel Aziz est lui-même un général de l'armée. Il a pris le pouvoir en Mauritanie suite à un coup d'Etat en 2008. Est-il aujourd'hui la personne indiquée pour conduire cette mission de bons offices ? D'après l’analyste sénégalais Babacar Gueye, professeur de Sciences juridiques et politiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette visite pose problème, du point de vue symbolique.

Au Burkina Faso, un forum national devrait être convoqué sous peu en vue d’adopter la dernière version de la charte de la transition, après d'éventuels amendements de l’armée. Selon le premier draft du document, dont la Deutsche Welle a eu une copie, tout va commencer par l’élection d’un président civil à la tête d’un conseil national de transition. Celui-ci va ensuite former un gouvernement composé de 25 membres au maximum. Gouvernement dans lequel toutes les sensibilités du pays devraient être représentées selon un quota bien défini. Une assemblée de transition composée de 90 députés sera aussi mise en place. Si les députés pourront être éligibles aux différents scrutins, notamment la présidentielle et les législatives, il n’en sera pas le cas pour le président du Conseil national de transition et son équipe. Sauf changement de dernière minute, la date de l’élection présidentielle est maintenue. Elle aura lieu en novembre 2015

Le Burkina donne des idées...

La révolution burkinabé inspire les leaders politiques de certains pays africains. C'est le cas du Tchad où l'opposition s'organise pour empêcher une éventuelle candidature du président Idriss Deby en 2016. Il a déjà passé 24 ans au pouvoir et n'exclut pas de se présenter pour un cinquième mandat. Mais l'anthropologue chercheur et enseignant tchadien, Hoinathy Remadji, estime que les Tchadiens n'ont pas encore l'éveil citoyen nécessaire pour faire une révolution. Vous pouvez l'écouter en cliquant sur le lien audio ou l'image.

Censure en Guinée équatoriale

À noter qu'en Guinée équatoriale, les médias d'Etat ont reçu l'interdiction d'évoquer la chute de Blaise Compaoré, selon des témoignanges anonymes recueillis par l'AFP. Le pays est dirigé depuis 1979 par le président Teodoro Obiang Nguema.