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A380: une merveille de la technologie qui coûte cher

Aude Gensbittel19 janvier 2005

A la une de la presse allemande aujourd’hui : la présentation de l’Airbus 380, le plus gros avion de l’histoire de l’aviation commerciale. C’est dans une ambiance festive que le consortium européen EADS a dévoilé son nouveau modèle hier à Toulouse, en présence de Gerhard Schröder, Jacques Chirac, Tony Blair et José Luis Rodriguez Zapatero. Face aux prouesses technologiques et à la taille de l’A380, les journaux allemands ne sont pas avares de commentaires.

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Présentation de l'A380 à Toulouse
Présentation de l'A380 à ToulouseImage : dpa

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c’est l’avion de tous les superlatifs. Il est plus grand, plus léger, plus économique, plus rapide et plus imposant que tous les autres avions construits jusqu’à présent. Avec l’A380, l’Europe écrit l’histoire de l’aviation. Il y a dix ans, rappelle le quotidien, personne ne savait comment allait se développer le trafic aérien quand la construction de ce géant a été décidée dans un projet européen. Aujourd’hui, le courage d’avoir pris des risques a payé. De plus en plus de compagnies aériennes commandent le plus gros avion européen et non plus les jumbos de Boeing. Pour la FAZ, c’est sans doute là l’ouverture d’une nouvelle ère du tourisme de masse.

Le super Airbus est le produit prometteur de la coopération industrielle et politique en Europe écrit pour sa part die Welt. L’audace technologique se voit récompensée. C’est un signe d’espoir pour le futur système européen de navigation par satellite Galileo et pour l’agence spatiale européenne ESA. Toutefois, poursuit le quotidien, il ne s’agit pas de copier ces projets à l’infini pour en arriver à une politique industrielle européenne surdéveloppée. Avec des grands projets novateurs de ce genre, les entreprises peuvent vite être dépassées. L’Etat doit jouer un rôle de coordinateur et mettre à disposition les infrastructures nécessaires. Les aides financières sont certes justifiables, mais seulement par des arguments politico-stratégiques. Et celui qui souhaite prendre Airbus, Galileo et ESA comme modèle risque d’y perdre une grande partie de l’argent des contribuables, conclut le journal.

L’enthousiasme est grand dans la politique, l’industrie et les médias, note de son côté la Süddeutsche Zeitung. Il s’agit, nous dit-on, d’une grande avancée technologique, d’une esthétique parfaite, d’un chef d’œuvre volant et de la garantie de dizaines de milliers d’emploi, mais surtout, c’est du baume au cœur pour l’Europe : le vieux continent est de nouveau à la pointe. Airbus avait déjà dépassé Boeing, en livrant plus d’avions que son concurrent pour la deuxième année consécutive. Voici maintenant le couronnement. Mais si on peut se permettre d’intervenir, poursuit le quotidien, il s’agit ici avant tout d’un objet de prestige, dont la rentabilité n’a pas encore été prouvée. Les Français avaient après tout déjà construit à une époque l’avion le plus beau, le plus moderne, et le plus audacieux. Un investissement financier colossal pour un modèle qui n’est maintenant plus bon qu’à être exposé au musée. Souvenez-vous, c’était le concorde.