A-t-on vraiment besoin du G8 ?
30 mai 2007Comment faut-il comprendre nos autorités ? se demande le Tagesspiegel. Pourquoi lors du sommet du G8 les manifestants doivent-ils exprimer leur opinion le plus loin possible de ceux à qui ils voudraient justement faire part de leur mécontentement ? Et pourquoi faut-il que des juges aient besoin de confirmer un droit fondamental comme celui de manifester ? Tout cela donne l’impression que les organisateurs, à force d’avoir peur de la violence, l’aient justement provoquée.
C’est tout le contraire pour le Financial Times Deutschland, qui estime qu’en regardant en arrière, on s’aperçoit que les manifestations ont bien changé au cours des années. Alors qu’autrefois on espérait ou on craignait la révolution avec le plus grand sérieux, aujourd’hui il ne s’agit plus que de savoir qui aura les meilleures images de télévision. Là où se déployaient autrefois des policiers qui avaient appris à marcher au pas dans les jeunesses hitlériennes, arrivent aujourd’hui des élèves de professeurs de la génération 68. Et le fait qu’un tribunal ait jugé trop restrictive l’interdiction d’origine de manifester dans un rayon de 5 Km autour de Heiligendamm, ce n’est pas un scandale, cela montre au contraire que l’Etat de droit fonctionne.
Les sommets comme celui du G8 sont-ils judicieux ? s’interroge la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les manifestants doivent-ils être séparés des lieux de réunion par des barrières grillagées ? Les autorités ne réagissent-elles pas trop sévèrement ? Des questions légitimes, mais il faut aussi se rappeler que si une telle présence policière est mise en place, c’est parce que depuis les incidents du G8 de Gênes, certains alter-mondialistes se sont fixés la violence comme principal moyen d’action.
L’idée d’origine du G8, des discussions informelles au plus haut niveau, est complètement pervertie, écrit la Frankfurter Rundschau. Le sommet de Heiligendamm est aussi officiel qu’une session de l’ONU, à la différence que ce sont-là les Nations Unies des riches et des puissants. Il ne s’agit pas d’établir une stratégie politique commune, mais de trouver les formules d’une déclaration finale dont on ne se souviendra plus dans un an ou deux. Nous n’avons pas besoin de sommets du G8 de ce genre. Les dirigeants pourraient à la place se parler par le biais de vidéo-conférences. Ce serai plus simple, et surtout moins cher.