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Création à Berlin d'une "Alliance contre l'intolérance"

Emilie Ginestou11 février 2016

Une vaste alliance constituée de groupes religieux et sociaux, l‘ "Alliance pour une ouverture au monde, la solidarité, la démocratie et l'État de droit – contre l'intolérance, la misanthropie et la violence" est créée.

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Deutschland Allianz für Weltoffenheit Solidarität Demokratie und Rechtsstaat
Image : imago/epd/J. Blume

Le message de la confédération des syndicats allemands : "La dignité de l‘Homme est inaliénable". Son président, Reiner Hoffmann, ainsi que les neuf autres signataires espèrent que l'appel servira d'exemple dans tout le pays et sera rallié par d'autres partenaires.

Point clé de l'appel: le débat sur les réfugiés doit s'appuyer sur des faits et être orienté vers la recherche de solutions, plutôt que d'attiser publiquement les ressentiments ou de poursuivre des intérêts partisans. En outre, les signataires – dont les deux grandes Eglises d'Allemagne font partie – appellent à s'opposer avec force à toute forme de propos haineux, "peu importe d'où ils proviennent et à l'encontre de quel groupe ils sont formulés".

Valeurs ou ressentiment

Mais pourquoi maintenant ? Zekeriya Altug, porte-parole du Conseil de coordination des musulmans en Allemagne, se dit particulièrement inquiet face à la violence verbale à l'encontre des musulmans et des réfugiés en Allemagne. Le débat sur les réfugiés aurait renforcé les groupes populistes et conduit, de manière générale, à un glissement politique vers la droite. Au sein du débat public, la rhétorique vindicative envers les réfugiés créerait une atmosphère dans laquelle les représentants des groupes populistes ont l'impression d'agir en porte-voix d'une prétendue minorité silencieuse. "Des mesures doivent être prises contre cela – d'où cette alliance", poursuit Altug.

Zekeriya Altug Manuela Schwesig Thomas de Maiziere Islamkonferenz Berlin Deutschland
Zekeriya Altug avec la ministre de la Famille Manuela Schwesig et le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière lors d'une conférence sur l'Islam à Berlin en novembre dernierImage : picture-alliance/dpa/K.D.Gabbert
Dr. DITIB Nord
Zekeriya Altug, porte-parole du Conseil de coordination des musulmans en AllemagneImage : privat

Le représentant et vice-président du Conseil central des juifs en Allemagne, Mark Dainow, a également exprimé ses inquiétudes. Le populisme de droite en Allemagne aurait "malheureusement le vent en poupe". C'est pourquoi il faut agir ensemble et défendre le respect, la tolérance, la liberté de culte et le droit des minorités, selon lui. L'appel souligne aussi la nécessité de bien intégrer les réfugiés dans la société et dans une communauté de valeurs. Autre risque à prévenir, selon Dainow: "importer l‘antisémitisme" avec les réfugiés. Il s'agirait alors d'un antisémitisme "provenant d'une autre culture, dans laquelle la haine envers les juifs serait monnaie courante".

Heinrich Bedford-Strohm, le président du Conseil de l‘Eglise évangélique, a prôné la mise en place d'un "consensus de base au coeur de la société". Pour lui, ceci doit être l'objectif de l'appel, face à l'incertitude de la population. Les populistes de droite et les extrêmes ont tenté d'abuser de cette incertitude à leurs propres fins. Au contraire, un "message de force et de confiance" doit s'imposer.

EKD Ratsvorsitzender
Heinrich Bedford Strohm, président du Conseil de l'Eglise évangéliqueImage : picture-alliance/dpa/M. Hibbeler

Combler les lacunes du discours

Lors de la conférence de presse, les participants n'ont pas mâché leurs mots à l‘égard des partis politiques. L'initiateur de l'Alliance, Reiner Hoffmann, a expliqué que les partis n'avaient sciemment pas été impliqués, l'Alliance émanant de la société civile. Selon lui, il semble que les partis soient dépassés dans bien des domaines, créant un "imbroglio" auquel le mouvement ne souhaite pas participer - pas même en se prononcant sur les positions de certains politiciens en particulier.

L'archevêque Heiner Koch, représentant de l'Eglise catholique, a critiqué le clivage entre le discours des élites sociales et les préoccupations des citoyens. Les inquiétudes concrètes doivent être prises au sérieux, afin d'éviter tout basculement vers la droite, comme la question sur "la manière de faire coïncider les préoccupations des pays d'accueil avec les besoins des réfugiés". Pour lui, il ne faut pas éluder la réponse.

Berlin
L'archevêque berlinois Heiner Koch, représente l'Eglise catholique dans l'AllianceImage : DW/S. Dege

Qui intégrer, où et comment ?

L'appel n'est toutefois pas dénué de toute orientation politique. Une série d'investissements dans l'éducation, le logement et l'emploi ont été revendiquées, ce que soutient aussi le SPD, le parti social-démocrate. Le président de la confédération des syndicats allemands a également opposé un refus à l'assouplissement des règles sur le salaire minimum pour les réfugiés – suivant ainsi la ligne de la ministre du travail allemande Andrea Nahles, elle aussi membre du SPD.

Olaf Zimmermann, du Conseil de la culture allemand, s'est lui tourné vers l'avenir lors de la conférence de presse au siège de la Confédération allemande des syndicats, dans le centre de Berlin. Il reste de nombreux débats à mener dans le domaine de la culture, pour savoir "qui intégrer, où et comment ?". Les participants ont souligné la nécessité de "regarder ensemble vers l'avenir, sans pour autant nier les différences", une conception qu'ils aimeraient voir au coeur de la dimension culturelle des politiques d'intégration. L'Allemagne se trouve toutefois encore dans une dynamique d'aide d'urgence – ces questions sont donc encore lointaines. L'Alliance et l'appel ont cependant montré le chemin à suivre.

Olaf Zimmermann
Olaf Zimmermann du Conseil allemand de la CultureImage : picture-alliance/dpa