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Être domestique : une réalité qui évolue au Brésil

Marie Naudascher (Rio de Janeiro)28 février 2013

En Amérique latine, une femme sur 6 travaille comme domestique. Au Brésil, cette profession connaît des changements profonds. Les domestiques réclament désormais de meilleures conditions de travail et de salaire.

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Image : Fotolia/senkaya

Le Brésil a vu sa croissance économique ralentir assez brusquement en 2012 mais le taux de chômage reste très bas, à 5,5%. Résultat : de nombreux jeunes se détournent des professions d’employés de maison, peu valorisées, et s’orientent vers le commerce, la restauration, ou l’entrepreunariat.

Mais la demande augmente. Au Brésil, avoir une "empregada" (une femme de ménage) fait partie des habitudes, même pour la classe moyenne. Les domestiques demandent donc de meilleurs salaires et font valoir leurs droits.

Plus de places que de candidates

C’est ce qu’observe Aline Ladvocat. Elle dirige une agence de placement à Copacabana pour des clients très aisés, qui ont souvent plusieurs personnes à leur service.

« Le pouvoir d’achat au Brésil a augmenté, l'économie s’est améliorée, les gens gagnent plus, et puis nous avons culturellement l’habitude d’avoir quelqu’un qui s’occupe de notre maison. Et les professionnelles gagnent très bien sur le marché, mais nous avons plus de places que de candidates », constate Aline Ladvocat.

Les salaires augmentent, et la profession devient de plus en plus exigeante. À leur entrée dans l’agence, les candidates, triées sur le volet, reçoivent même des instructions très précises sur leur hygiène et leur éducation : garder les ongles courts et propres sans vernis foncé, appeler son employeur "Monsieur" ou "Madame"…

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Selon l’Organisation internationale du travail, le Brésil compte le plus grand nombre de travailleurs domestiques au monde, avec 6 millions de personnesImage : Fotolia/GVS

Les femmes noires moins bien payées

Car ce sont bien les restes de l’esclavage au Brésil qui réapparaissent dans cette relation "maître-esclave" parfois à peine masquée.

Selon une étude de l’IPEA, l’Institut de recherche d’économie appliquée, les domestiques noires gagnent moins que les blanches, rares sur le marché. Elles sont moins souvent déclarées.

Une précarité qui pousse certaines à vouloir changer de vie. Comme Neide Ferreira, qui a fait ses valises, après 17 années passées à travailler comme cuisinière et femme de ménage à Rio de Janeiro. Elle et ses deux enfants de 8 et 2 ans retournent dans le Nordeste, une région qui se développe et leur permettra, elle l’espère, de vivre mieux.

« Avec mon salaire, je ne peux pas faire vivre ma famille, et ici tout coûte cher, il faut que je paye quelqu’un pour garder mes enfants quand je travaille, ou les mettre à la crèche, explique Neide Ferreira. Là-bas je vais sûrement gagner moins, ici j’arrivais à gagner 1.200 reals, mais là-bas tout sera moins cher, et puis j’ai commencé à construire ma maison. Il manque la porte, les sols, mais on va la terminer… »

L’IBGE, l’Institut brésilien de statistiques, le confirme : le revenu des employés domestiques a augmenté de 43,5% en 10 ans, contre 25% pour l’ensemble de la population. Et quand on leur demande ce qu’elles souhaitent pour leurs enfants, la plupart des domestiques répondent : « Leur offrir de bonnes études. »

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